Mitraillage à Aiffres - 79
Vendredi 28 juillet 1944
Mort de François Gicquel
Décédé dans la nuit à Niort le 29 juillet 1944 (3 h 00)
7/9/1896 - 29/7/1944
Témoignages:
Beauchamp Michel – 1938
1944 : 15 bis, rue Fernand Chapsal – Saintes
Fils d'André Beauchamp, mécanicien roulant SNCF, grièvement blessé par suite d'un déraillement / sabotage.
Le « roulant » Gicquel a été tué au cours d'un mitraillage aérien à Aiffres. Sa veuve restait rue Pallue de la barrière. (27/3/1995)
Belin André – Né en 1924
Mon père Joseph Belin était roulant, il avait souvent comme compagnon : Méchain Camille.(1994)
Dans la région de Niort à Aiffres le train de mon père a été mitraillé par un avion. Les hommes de la locomotive avaient alors sauté de la machine. Une balle avait tapé dans l'essieu de la machine.
- - - > Attention: le roulant Belin ne semblait pas avoir été dans les locomotives mitraillés à Aifffres ce 28/7
Brisson James -
" Le pérot " Aiffres
A cette époque nous demeurions vers le P.N n° 345. La dame du P.N était absente mais pas très éloignée, elle a eu de la chance car une balle avait traversé la barrière et aussi traversé la cuisine. Mais était-ce bien à ce mitraillage... ! La maisonnette qui était au P.N 344 a été détruite par la suite, elle avait essuyé des tirs le jour du mitraillage. (1996)
Frappé Robert - 1920
1944: " Chez Corbin " Chaniers
La veille du mitraillage, le train (les wagons) venant de Saintes avait transporté des Allemands. Le jour du mitraillage à Niort (79), dans la matinée on avait aperçu des avions tournant dans le ciel, c'était des " Deux-queues " (P 38), aussi nous étions venus au réfectoire et on nous avait demandé de nous préparer. Pour ces alertes un drapeau spécial était utilisé.
On s'était rendu à Niort, changeant les locomotives à Champdeniers (79), on rentrait donc au dépôt.
On reprend la route 3 jours après (!!!!), avec un train de soldats allemands qui devaient quitter la région, on ne pouvait pas passer par Nantes, les militaires étaient dans des wagons à bestiaux. Il y avait deux locomotives (Train T.C.O). Dans la première loco il y avait Friou (Chauffeur) et Gicquel (mécanicien), dans la deuxième j'étais avec Jules Boyer.
On venait de nous signaler l'alerte, on était alors sorti du triage de Niort, à Romagné (86). Prenant la ligne de Saintes, nous n'avons pas marqué l'arrêt à la première gare (certainement Aiffres... de M.S) où le chef de gare, sur le quai, nous signale l'alerte (!!!).
Ainsi, peut-être vers les 14 heures, au P.N 344, avant Fors (79), en venant d'Aiffres, un avion a attaqué. Un peu plus tard nous avons demandé à la dame du P.N de partir avec sa fille, mais elles avaient voulu rester. Nous nous trouvions à environ 300 mètres de la gare (de la dernière traversée... !!!!!) en pleine rampe (côte) quand un avion passe, il fait deux tirs, les locos sont perforés. Nous roulions à ce moment-là à environ 40 km/h. J'ai alors dit à mon compagnon, Boyer, de sauter, c'est ce que nous avons fait et nous sous sommes retrouvés sur le ballast contusionné, en ce qui me concerne la tête et les coudes. Par la suite j'ai vu que j'avais reçu des petits éclats de balles explosives (du 20 mm ... !!), au coude gauche, à la main droite et au-dessus de la tête, 3 ou 4. Mon compagnon avait été blessé à l'oreille, dès qu'il bougeait le sang pissait.
Après avoir sauté je m'étais retrouvé dans un champ de blé parmi les quintaux. J'étais ensuite revenu sur le lieu du mitraillage, cherchant mon compagnon. j'ai alors vu un homme étendu, c'était François Gicquel, je lui avais dit..." Alors François... tu te tournes.. ", il gémissait. Comme je viens de le dire il décédera dans la nuit , vers 2 heures, à l'hôpital de Niort.
Friou et Gicquel étaient dans la loco devant nous, un jet de vapeur venait d'ébouillanter François Gicquel, il en décédera le soir à l'hôpital, il avait une figure énorme. Quant à Paul Friou il était brûlé au bas ventre par la vapeur, ses vêtements sont collés aux " parties " (Intimes), mais il survivra.
Par la suite nous avons été emmenés à l'hôpital St Florent de Niort, en ce qui me concerne on m'avait emmené à l'hôpital sur le toit d'un camion de paille. Quand on m'a soigné on m'avait enlevé les éclats avec une pince à épiler.
Le lendemain matin, le curé du faubourg St Florent de Niort, vient à l'hôpital faire la visite des malades. Je lui avais demandé des nouvelles de Gicquel et c'est là que j'ai appris sa mort.
Dans ma chambre il y avait un autre homme, originaire d'Alsace, c'était un commerçant qui ravitaillait un grand magasin de Saintes, la " Maison Universelle ". Il revenait d'un camp de prisonniers et il était très maigre. Comme je n'avais pas très faim, malgré cela j'avais acheté des provisions la veille (Souvent le panier des roulants... M.S), j'ai donné mes provisions à cet homme, lui disant de ne pas trop en manger à la fois.
Comme cela allait mieux pour moi j'étais sorti faire un tour à Niort. Mon compagnon Bouyer restant dans sa chambre, d'ailleurs il avait un sacré trou derrière son oreille.
Alors que le curé me parlait, je pensais plutôt partir avec une voiture qui était stationnée dans la cour. C'était une voiture de l'arrondissement de Saintes, avec M. Brizard (De Lormont), le chauffeur des grands-bureaux (Locaux administratifs et de la direction SNCF). C'est ce qui s'est passé, nous sommes revenus à Saintes, sans oublier mon panier, suite à ma demande. par contre je n'avais pas pris le temps de récupérer les papiers. A Saintes la voiture nous a laissé devant l'arrondissement. A cette époque, suite au bombardement, nous étions réfugiés " Chez Corbin " (4 km au NNW de la mairie de Chaniers). Cette voiture avait amené Mme Gicquel et Mme Friou. (25/3/1995-1996)
Notes de M.S: Au vu des récits la zone du mitraillage devait se situer entre " La plaine des rotis "et " St Clément ".
Friou Jacques - 1936 (fils de Paul Friou)
1944: Cité St Jean - Saintes
Nous habitions cité St Jean à Saintes, mais par mesure de sécurité on s'était retiré aux Gonds.
Après le mitraillage d'Aiffres, un forgon de la SNCF nous avait enmené à l'hôpital de Niort. Il y avait ma mère et moi-même et Mme Gicquel et sa fille. On était venu nous chercher vers les 13 heures.
A l'hôpital j'ai vu une chose que j'ai toujours devant les yeux. Ils ont soulevé un drap et j'ai vu le corps de Gicquel tout brûlé. Mon père avait aussi été brûlé par des jets de vapeur de la loco percée. une balle le frôlant, lui avait fait une estrafilade sur la poitrine.
Les hommes avaient sauté du train après les tirs, un allemand " accompagnant " avait aussi été blessé. (9/4/1996)
Friou Paul - 1906
1944: Cité St Jean - Les Gonds Saintes
Je travaillais à la S.N.C.F comme roulant. J'avais été élève mécanicien, j'avais eu comme compagnon roulant Gicquel, ceci durant 4 ans.
La journée durant laquelle nous avons été mitraillés, je faisais un train en double, en fait: Frappé / Boyer et Gicquel, dit " Toto " et moi-même, dit " Popol " nous avions une loco " 230 " (Attention... ou " 141 ", n'est plus sûr).
Le train tirait 55 wagons, il y avait environ 500 chevaux, Nous partions pour Bordeaux. Quand nous étions à Fors (79) un avion est arrivé, c'était vers les 14 heures, nous avons été blessés tous les quatre.
Gicquel avait sauté de sa machine et moi j'avais grimpé sur le tander. Gicquel a été tué sur le coup en sautant.
J'ai ensuite été hospitalisé 2 jours à l'hôpital de Niort, puis un jour à Saintes. A l'hôpital de Niort quand j'y avas été soigné, j'étais brûlé et couvert de sang.J'ai eu un arrêt de travail de 4 mois. (8/4/1996)
- - - > Attention mémoire défaillante... !!!
Guittet Albert – 1911
1939/45 : Cité (Rose) Boutin – Saintes
Giquel, mécano, un breton. J'avais vu le corps et il avait le visage très gonflé. Il avait été tué à Aiffres par mitraillage aérien, avant Niort. Je n'ai pas pu faire ce train, ce qui aurait été le cas si je n'avais pas eu à partir à La Rochelle voir des relations. (1994/1997)
Linais Christianne, née Gicquel (épouse de François Gicquel)
1944: 42, rue Pallue de la barrière - Saintes
Mon père avait fait la guerre 14/18. Il était né en 1896 et était arrivé à Saintes en 1936, il arrivait de Segré en Anjou.
Comme " roulant SNCF " il faisait souvent des déplacements en Bretagne, c'était parfois des trains de munitions.
Cette journée-là il revenait de Niort. Un avion était alors arrivé, je pense qu'il y en avait plusieurs, l'appareil était en piqué sur son train qui transportait des Allemands.
Sous les tirs des avions les tuyaux de vapeur ont éclaté.... " Papa a été brûlé et sous la douleur et voulant s'écarter du danger il avait sauté sur le ballast... "
Il était tellement brûlé qu'on n'a pas pu lui enlever son tricot de peau.
Je m'étais rendue sur place le lendemain, on nous avait averti le soir même du mitraillage. Mais en cours de route nous avions été obligés de nous arrêter et de nous jeter dans un fossé, un avion nous survolant.
L'enterrement a eu lieu à l'église St Vivien de Saintes, puis nous avons été à son inhumation au cimetière St Pallais. Sur place il y avait une délégation d'Allemands en tenue.
Nous n'avons pas voulu de condoléances au cimetière, mais on nous en a prié. Pour l'inhumation on nous avait prêté un caveau. Par le suite le corps de mon père a été ramené en Anjou. (10/4/1996)
De Mme Richeux, une voisine de la famille Linais:
L'endroit où il a été tué avait des platanes, elle y était passée une fois.
Noël Olivier -
Récit de sa mère Noël Réjane (Copie de la lettre transcrite à la première personne)
12 à 13 ans le jour de l'attaque.
" Je revenais de l'école lorsque j'ai entendu la sirène et vu deux avions (avec des bombes). A ce moment-là, je me suis planquée. Au loin je voyais la vapeur du train. A la suite de cela, j'ai appris que un mécanicien était là pour stopper la locomotive (avec des serre-freins). Qu'il avait été transporté dans la maisonnette. Il était gravement blessé. Je croyais qu'il était mort.
Je me rappelle que le train avait des wagons d'animaux, de matériels: Camions, tanks.
Monsieur Gicquel et Friou étaient connus de notre famille. Quand cette attaque a eu lieu je transportais deux litres de pétroles que j'avais eu avec des bons.
Le numéro de la maisonnette de mes parents était le 341 - PN 341 ".
(Voir la photo qui doit correspondre, elle ma été donnée) (8/5/1996)
Tesson René - 1917 (Roulant)
1944: 1, rue des cyclamens - Saintes
J'étais dans le fossé de graissage de ma locomotive à Niort. Un avion a fait plusieurs allées et venues en mitraillant. C'est ce jour-là que Gicquel a été tué dans sa loco en tête du train. (24/10/1994)
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Attention: Ceci est un document d'études, témoignage brut. M.S le 11/6/2021