Déraillement du 5 juillet 1942
« Montcharente – Saintes »
Témoignage de Michel Beauchamp, fils d’André Beauchamp – mécanicien SNCF – Né en 1907
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Un train de troupe était prêt à partir pour La Rochelle, mais les Allemands avaient fait partir devant un train d’ouverture (Train de marchandises). Les cheminots sur ce train étaient : André Beauchamp, mécano. Norbert Busson, chauffeur.
Ainsi le train 9556 a déraillé au point kilométrique n° 249/295, entre Saintes et « le Ponteau », à 3 h 40 dans la nuit, 10 minutes après son départ de Saintes. La locomotive et son tender sont tombés dans la Charente, le tender s’est retrouvé au fond, alors que la locomotive était retenue par un arbre.
Busson a eu les jambes coupées par la plaque joignant le tender à la locomotive et il a été broyé entre la machine et son tender.
Le mécanicien Beauchamp a eu le bras broyé au-dessus du coude. Il a été amputé à l’épaule par le docteur Jonchères. Michel Beauchamp se souvient des visites qu’il faisait à son père dans la salle commune de l’hôpital. L’arbre avait été arraché après une tempête, mais Madame Beauchamp montrait l’endroit à chaque fois qu’elle passait devant. Par la suite mon père, André Beauchamp, a été affecté à la police des gares.
Au début de sa carrière à la SNCF il y était rentré comme chaudronnier, quand il a eu cet accident il en était à ses tous débuts dans la conduite. (M.B)
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Témoignages
D G – 1911 – Mécanicien SNCF « Gaby »
« Je faisais des trains T.C.O. Je devais faire le train qui est tombé dans la Charente, mais Busson avait absolument tenu à le faire à ma place » (2000)
D J-M – 1938
« A port Berteau une locomotive et son tender ont déraillé. La machine n’est pas tombé à la Charente étant retenue par les peupliers, il n’y avait aucun wagon. Cela s’est passé, en arrivant de Saintes, un peu avant la maison de Monsieur Fayzeau, commandant militaire ». (1998)
F H – 1931
« Un train a déraillé à Port Berteau, c’était un train qui transportait du sable. Le train venait de saintes, la locomotive a chuté cotre un arbre au point kilométrique 249, 333. Je me souviens avoir ramassé des tires-fonts dans le contrebas sur le remblai des voies ferrées. A une dizaine de mètres de ce point, en contrebas, allant sur Saintes, il y avait des plaques de tôles avec du jaune dessus (Epoque ou 1994…. !!!!). Un clou repère SNCF marqué 38 a été trouvé (1994) sur une traverse de voie ferrée basculée en contrebas, à la hauteur du point kilométrique PK 249,4 ». ((1994)
F R – 1920 – Mécanicien SNCF
« Un train allemand devait quitter Saintes, au triage un train français était prêt au départ. Le train français est parti devant servant de train balai. Le maquis du bois de la tonne avait saboté la voie. La locomotive et le tender sont tombés dans la Charente, la locomotive avait été retenue par un gros arbre, mais 7 ou 8 wagons avaient déraillé. Le chauffeur Beauchamp a eu l’épaule arrachée. Le mécanicien Norbert Busson a été tué sur le coup. Par la suite j’étais venu relever la locomotive avec une grue, c’était avec la locomotive 230 – 867, elle sortait pour les grandes réparations, elle était comme neuve » (3/1995)
G M – 1918
« Le mécanicien devait être Beyer (Décédé), un des cheminots a eu le bras coupé, ce devait être le chauffeur. Le train qui venait de Saintes a déraillé suite à un sabotage, une partie de la locomotive s’était alors retrouvée dans la Charente. Ce sabotage aurait été effectué par Roger Guintard. Ce résistant parlait de trop et je lui avais fait remarquer. Il a été arrêté par l’inspecteur de police Penaud. Le matin de son arrestation il était passé comme d’habitude à la boucherie. Roger Guintard a été fusillé à Poitiers, une plaque posée à Poitiers rappelle son exécution ». (1/1995)
N R – 1910
« Après un déraillement à Montcharente, une locomotive et son tender étaient tombés, le tender dans la Charente, la locomotive avait été retenue par un arbre. Malgré qu’il ait eu son bras coupé le roulant Beauchamp avait assuré la sécurité sur la voie. Le tender était tombé dans la rivière et on l’a retrouvé sous 6 à 7 mètres d’eau » (1/1997)
S R – 1919
« Sabotage d’une voie ferrée. Vers le lieu-dit Port Berteau, à la sortie de Saintes, la voie avait été sabotée et une locomotive, avec son tender, étaient tombés dans la Charente. Il y a eu un mort et un blessé » (2/1997)
S A – 1913
« Il y a eu un déraillement à Port Berteau. Le chauffeur Beauchamp a eu le bas coupé, le mécanicien a été tué » (12/1994)
V – 1928
« Dans le bas de Port Berteau, vers la maison du commandant Fayzeau, une locomotive s’était renversée suite à un sabotage. C’était sur la ligne de la Rochelle avant juin 1944. La machine n’était pas tombée dans la Charente du fait de la présence d’un arbre. Il y a eu un mort sur la loco et un blessé qui a eu le bras coupé. C’était une locomotive avec des wagons et dans les jours qui ont suivi une grue a été amenée sur place » (11/1994)
Presse :
« L’indépendant » du 26 février 1944 - Journal officiel du 23/2/1944
« Médaille vermeille à André Beauchamp (Déraillement et le mécanicien tué). Grièvement blessé il a averti le voisinage, avant l’arrivée proche d’un rapide, pour signaler l’accident".
Photos :
Michel Beauchamp a fait don des photos à M.S le 3/4/1995