La société a besoin de justice
Un procureur issu de la société qu'il doit protéger au nom de ses lois
Philippe Coindeau, procureur de la république à Saintes
Certainement Saintais, voir Saintongeais par le cœur, Philippe Coindeau a connu dans sa toute jeunesse d’autres belles régions de France. Sa famille est du Poitou, il a vu le jour dans la Beauce, mais c’est en Touraine qu’il a fait son éducation à la vie.
Comme il le dit lui-même, bien que son père travaillait à la SNCF, il n’est pas d’une famille cheminote, quant à ses grands parents ils étaient du monde agricole.

Pour faire court sur son parcours éducatif et civique, avant d’atteindre les hautes marches du palais de justice, il avait, étape incontournable obtenu un D.E.A en science criminelle. Et bien sûr, surtout à cette époque, effectué un certain temps sous les drapeaux (S.N.O) en Allemagne à Fribourg.
Monsieur le procureur, quel a été votre premier métier pensé… ?
« Je voulais être juge d’instruction, rentrer dans la magistrature. Dans mon adolescence, être juge cela correspondait à mon goût des enquêtes et de la recherche, j’étais déjà attiré par cette quête de la vérité. Mais en fait j’avais quand même pensé à trois directions professionnelles, voire la justice, être architecte ou le journalisme. Mais sur ce dernier point aujourd’hui j’ai déchanté car souvent les comptes-rendus ne rendent pas compte avec exactitude des faits qu’ils étaient venus couvrir. Ces hommes de la presse, souvent écrite, ne recoupent pas assez leurs informations. Les retranscriptions ne semblent pas correspondre ».
Philippe Coindeau avant d’arriver à Saintes avait été juge d’instruction dans diverses régions de France (métropolitaine), ceci pendant neuf ans. En fait du siège il était passé au parquet, il était devenu parquetier comme il le dit si bien. Pourquoi… voyons de plus près mais d’une manière assez simple.
« Au fil des réformes de la fonction de juge, celle-ci perdait de son intérêt. Justement cette manifestation de la vérité gagnait beaucoup dans ma nouvelle fonction, je ne l’avais pas envisagé ainsi, mais j’avais alors gagné en liberté. L’élu du siège avait plus de contraintes, au parquet j’étais plus libre. Et, ce qui n’est pas du tout secondaire, au parquet j’ai plus de contact avec les élus locaux, les personnes chargées de la prévention de la délinquance ».

Procureur. fonction clef, peut-on le dire ainsi… ?
« A tous moments je puis intervenir, diriger les enquêtes, donner des directives… On prend connaissance des pièces du procès prévu au final, on les voit tout au long de l’instruction. Certes des éléments peuvent échapper à la lecture des pièces, mais tout ce qui arrive par mon bureau est lu. Actuellement les affaires qui passent aux assises ont été finalisées à La Rochelle, sauf pour l’affaire Séridi (meurtre de la jeune fille de Royan – ndlr). Ainsi on découvre des dossiers parfois très lourds qui nous sont transférés. Pour moi, enfin pour le parquet, l’audience est un moment capital de la vie des parquetiers ; si l’audience est publique c’est justement pour cela (Certainement pour affiner la vérité de dernière minute… ndlr) »
Bien campé sur ses pieds et droit comme la justice Monsieur le procureur tient des propos qu’il est bon d’entendre et que nulle ne devrait douter, ainsi…
« Le rôle du procureur c’est d’arriver à l’audience sans à priori. En ce qui me concerne je n’ai encore aucune idée sur la peine que je vais requérir. Si tout se joue avant l’audience ce n’est pas la faire d’ouvrir la séance ».
Et de continuer et de reprendre…
« Si on prend pour argent comptant tout ce que l’on dit… et pourtant certains de confirmer…. Mais quelle raison aurait cette personne de mentir… ? Un jour une dame avait vu un homme sur les lieux d’un crime et elle maintenait au fil des semaines que c’était bien tel homme elle en était certaine. Le fait est que cet homme, pas forcement le coupable, s’était trouvé au mauvais endroit et au mauvais moment, celui où il y avait eu la mort violente d’un homme. Mal en avait pris alors à ce passant…. Pour ma part j’épluche tous les dossiers, je me dois de le faire. Il est certain qu’il peut y avoir des erreurs de transcriptions, voir des informations, des renseignements mal compris. A l’audience si le dossier ne tient pas, c’est la relaxe, un juge d’instruction aurait pu voir quelque chose lui échapper. Mon rôle de faire aboutir à la punition du coupable (Cette fameuse de la recherche de la vérité avérée et prouvée… ndlr). Bien sûr il y a la part du facteur humain, cette sensibilité propre à chacun et qui va lui faire prendre une décision, mais dans le cadre de la procédure, comme m’avait dit un de mes formateurs à Tours : Pour le juge s’il y a un doute c’est le non-lieu, pour le procureur c’est la relaxe. (Belle complicité en vertu de la conviction sur la vérité… ndlr)
L’erreur judiciaire… !
« Il y a eu l’affaire d’Outreau (Actes de pédophilie….), plus récemment l’affaire Machin, cet homme a été libéré après sept ans d’emprisonnement, le vrai coupable s’était dénoncé. Je pense qu’il n’y a pas plus d’erreurs judiciaires qu’autrefois. Dans les investigations, faute d’éléments scientifiques apportant des preuves irréfutables (voire aussi aveux) il ne reste plus que les témoignages humains (avec leurs parts d’ombres… ndlr) ».
Transparence, vérité… communication :
« Avec le président du tribunal on veut ouvrir la juridiction pour que les gens voit le fonctionnement de la justice, en fait eux aussi ils veulent la vérité (alors les tribunaux doivent être dans la lisibilité totale … ndlr). Sur ce sujet justement il faut savoir que les plaintes ont considérablement augmenté, à savoir : 2009 = 14500 – 2010 = 18500 – 2011 = 19600 – et pour 2012, je crois que les comptent vont pouvoir indiquer aux environs de 23 000. Dans de nombreux faits du quotidien les victimes ou proches d’une personne atteinte dans sa chair ou ses biens… il faut toujours un coupable (enfin un responsable… ndlr). Certes pendant ce même temps on peut dire qu’il y a une baisse de la délinquance générale. Le bureau du procureur reçoit des dizaines de lettres par jour, pour les citoyens qui se croient lésés ou victimes, qui le sont aussi réellement, je suis leur interlocuteur et ultime recours »

Portes ouvertes au palais de justice cet été (Photo d'archive - M.S )
Puis Philippe Coindeau, procureur vient à parler d’une personne qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, cette dernière est bien connue de l’auteur de Culture-Histoire, via le réseau social Facebook, ainsi…
« Tenez je vais vous parler de l’affaire du Végas ou un jeune homme a trouvé la mort. J’ai reçu sa mère, Caroline, après que l’affaire eut été jugée. Ce n’est pas dans la procédure, mais c’est un droit et une possibilité pour un citoyen qui désire rencontrer le procureur, à fortiori s’il est une victime. Cet entretien relève réellement d’un acte très humain, il ne s’agissait pas de rejuger une affaire sanctionnée par une décision de justice, mais la personne, maman du jeune homme décédé, voulait savoir. Alors je lui ai parlé de la décision du tribunal, le pourquoi…. ! En fait j’avais devant moi une maman qui venait de perdre son enfant de18 ans, elle aussi voulait un coupable, enfin un responsable ».
Sur ces paroles très humaines, nous ne pouvons que remercier Monsieur le procureur pour l’entretien qu’il vient d’accorder pour ce blog média, mais avant de quitter l’homme qui agit au nom de la société, voudra-t-il nous révéler s’il a une devise, alors Monsieur Philippe Coindeau, on peut savoir… ?
« Oui bien sûr…. Le passé attend l’avenir »
Une fois n’est pas coutume mais le père de l’auteur de C-H disait souvent….
« La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres ». Cela rejoint bien la fonction de procureur de la république, il est là pour demander une sanction contre ceux qui dépassent et outrepassent leurs droits.