Et devant un parterre d’un peu plus 80 personnes….. des extraits
- Merci aux personnes qui sont venues ce soir. Merci à une femme, l’ancien maire de Saintes que je vois tout au fond, Bernadette Schmitt.
- Le président et son ministre de l’intérieur ont parfois des intentions régaliennes. Savoir que la durée moyenne d’un ministre de l’intérieur est de deux ans. Il y a eu des ministres au mandat court, ainsi Chirac a duré 3 mois et Maurice Faure 3 jours.
- J’ai un super souvenir c’est bien d’avoir servi sous François Mitterrand. Je vous rappelle qu’il y a eu 4 ministres saintongeais.
- Raymond Marcellin, ancien ministre de l’intérieur, se couchait à 4 heures du matin. Par contre il faisait la sieste et il avait demandé à un garde républicain de chasser les pigeons qui le dérangeaient. A cette époque il ne courrait pas les télévisions.
Et petit clin d’œil politique en allusion au P.S….. « Je suis devenu croyant mais pas pratiquant ».
- Il y avait aussi la sécurité incendie. Avec Michel Rocard on avait acheté 13 avions « Canadair » mais l’ennui avec ces appareils d’urgence c’est qu’il fallait un long réchauffement de moteurs avant le décollage.
- Pour les R.G qui ont disparu (changés de nom) je les regrette bien, puis je pense que ces services devraient vraiment être de proximité.
- Je viens de décrire la maison, avant vos questions je continue. Il ne faut jamais être candidat à ce poste, cela ne marche jamais. Il faut certaines conditions : Etre élu local, avoir une expérience du parlement.
- Le président Mitterrand avait voulu me nommer ministre délégué à l’intérieur. Il m’avait convoqué et m’avait alors annoncé ma promotion, je lui avis rétorqué mais Monsieur le Président c’est au premier ministre de faire la proposition. Sur ce il m’ait dit de filer chez Rocard. J’avais donc filé à Matignon et Rocard avait fait le nécessaire.
- Rendu dans mon bureau rue des chaussées, je me retrouvais dans les anciens bureaux de la Gestapo. Puis aussi j’avais pris le bureau où était l’abbé Sieyès, l’autre à côté était celui d’un second révolutionnaire Cambaceres. Dans mon bureau sous une table il y avait encore une croix gammée et quand je me penchais à la fenêtre je pensais à Pierre de Brosselette le résistant qui s’était défenestré pour ne pas parler sous la torture. A ma nomination j’avais voulu prévenir mon épouse mais elle était dans les montagnes au Chili.
- Un jour je me trouvais dans le bureau du président, avec Joxe qui se tenait de plus en plus droit, Mitterrand avait alors dit qu’elle était bien sa lettre. Je croyais qu’il parlait de Joxe, mais non il parlait de la démission de Chévènement.
- Puis des surprises. Déjà après ma nomination on me saluait différemment, les huissiers s’inclinaient de plus en plus bas ; même un jour j’ai fait remarquer à un de ceux-ci qui quittait mon bureau en reculant, sur un parquet très glissant, qu’il risquait de tomber et qu’il valait mieux partir dans l’autre sens. Il m’avait répondu mais Monsieur le Ministre c’est le protocole. Et j’avais alors des surprises dans mes poches, de nombreuses demandes de proches et d’amis… faire ceci ou cela pour untel ou untel. Ou bien ne pas faire…
- Ah ! Pour la nomination des préfets j’avais deux listes ceux en poste et les « préfectables », il y avait aussi la liste de ceux au placard. Ainsi j’avais convoqué Claude Guéant pour 8 h 15 du matin et il s’était certainement demandé ce que pouvait lui valoir cette convocation par un ministre barbu socialiste. Il avait déjà été sept ans en préfectorale, c’était déjà bien. Sur cette proposition j’avais fait remarquer au président que c’était un homme qui tirait vers la droite et il m’avait répondu… et alors !
- Un appel du cabinet du président qui me dit que celui-ci veut me voir à 6 heures le soir. Je me doutais bien que cela allait mal se passer ; il y avait eu une grande manifestation paysanne dans le sud-ouest. Mitterrand m’a dit si j’avais regardé la télé hier soir, et dans quel état on était. Avait-on des noms et y avait-t-il eu des gardes à vue… !! En tant que ministre et homme du terrain je sais bien que les gendarmes connaissent bien le monde paysan et qu’ils ont souvent familiarisé avec eux, alors ! Le président m’a alors sommé.. Monsieur Marchand demain matin je veux des responsables, des garde-à-vue. Je n’ai donc pas tardé à déléguer au préfet de secteur cette sommation. En effet dès le lendemain il y a eu des garde-à-vue dans ce Lot et Garonne.
Et notre ex ministre de continuer, et avec le doigt levé il reprend…
- Dans notre position on ne fait pas n’importe quoi, on ne dit pas n’importe quoi. Faisant allusion aux règlements à appliquer.
- Ah ! Une journée de ministre. Le matin dès 7 h 15 nous avons le carton bleu, les évènements de la nuit. Sur ces faits devais-je aviser Matignon ou l’Elysée… ! Quand je venais en parler au président vers les 11 heures du matin, il me rétorquait, que je devais faire régler cela par mes services.
- Les passages radio télévision. A « Europe 1 » avec Catherine Ney, je me souviens qu’elle avait été étonnée par la présence de De Gaulle dans mon bureau. Cela venait de mon père qui avait toujours une photo du général dans le sien. Il y a le passage chez Guillaume Durand. Il m’a reproché d’avoir expulsé il y avait peu 5 Maliens. Je lui ai répondu que j’avais fait comme mes prédécesseurs, mais me reprenant vite il m’avait dit mais vous les avez expédiés en avion. Sur ce je lui rétorqué que je ne pouvais les faire partir en vélo. Quant à Anne Sinclair « Emission 7/7 », après l’émission j’avais téléphoné à des Saintongeais pour savoir comment ils avaient perçu l’émission… ! Mais je me rappellerai toujours de cette animatrice radio qui m’avait reçu comme vêtu d’un tablier de cuisinière, une robe noire avec des ronds jaunes.
- J’ai été décoré par les Espagnols, une décoration ayant un lien avec une ancienne reine catholique d’Espagne. Elle m’avait été remise par Félipé Gonzalès, elle était signée du roi d’Espagne. J’ai eu droit aux commentaires de mon épouse (très active en Amérique du sud –ndlr). Elle me reprochait d’avoir accepté cette distinction alors qu’au temps de cette reine les Espagnols avaient massacré de nombreux indiens.
- Brigitte Bardot j’y ai aussi eu droit. Elle avait sollicité le gouvernement pour la création de sa fondation. On m’avait conseillé de lui demander de faire don de sa « Madrague » avant. A plusieurs reprises j’ai alors tenté de la joindre au téléphone. Quand je l’ai eu elle m’a répondu que je n’avais pas à être dans sa chambre, mais non Madame je suis au téléphone, m’empressant d e lui fournir la bonne réponse. En finalité elle nous a donné la « Madrague ».
- Avec Bernard Hulot ce fut une question se survol de la Seine, celui-ci étant suspendu à des ailes. Devant le refus de certains autres ministères j’avais décidé de défendre sa demande et cela a abouti dans ce sens.
Philippe Marchand est toujours debout, fidèle à lui-même et oubliant le micro son bon assistant… et sans note.
- Le drame du « DC 10 » abattu par Kadhafi. Un matin les services m’apportent sur mon bureau un gros morceau de l’avion civil abattu par le Libyen. Je leur avais demandé ce qu’ils voulaient que je fasse de ce morceau d’avion sur mon bureau… !
- On en revient aux grandes manifestations paysannes. Nous étions en préparation de ces manifestations dans mon bureau, il y avait un grand responsable syndical Raymond Lacombe. Devant nous un grand plan et des petits drapeaux de différentes couleurs pour localiser les parcours des manifestants et les zones des forces de sécurité. Mais il y avait un souci, en effet le cortège devait passer devant l’Opéra Bastille et je voyais déjà les graves conséquences, pour moi bien sûr, mais surtout s’il y avait des jets de pierres (ou de pavés… ndlr) sur ce site. Je voyais les méchantes retombées d’en haut, mais devant ma grande inquiétude le syndicaliste agricole m’a alors dit qu’il mettrait son propre cordon de sécurité. Le plan fut adopté.
La verve, la gouaille de l’ex-homme d’état semblait lui redonner une santé, aussi il s’empressait de reprendre avec ses….. satisfactions.
- La fameuse loi sur l’administration territoriale qu’il fallait présenter au parlement et que Madame le Maire connait bien. J’avais déjà préparé un projet, mais cela n’a pas été si facile de le faire passer, aussi j’avais même pensé au 49/3 mais comme ce n’était pas dans mes habitudes j’ai opéré différemment et à l’occasion de contacts avec des élus contre j’avais réussi par les diriger vers l’abstention plutôt que de voter contre. Ainsi pas à pas en finalité le projet est passé.
- La loi Falloux sur la liberté de l’enseignement. A cette occasion des débats sur cette loi, René Monory m’avez dit qu’il était dommage que je sois socialiste.
- Une autre grande satisfaction surtout avec notre regard actuel sur la situation mondiale. Même pendant la guerre du golf il n’y a pas eu d’attentats. Un matin j’avais reçu un homme, il était rentré par al petite porte de mon ministère. Il était aussi bien sapé qu’un représentant de commerce. Comme il n’aimait pas Saddam Hussein il avait alors balancé sur lui
Secrets d’état et fonds secrets… on va tout savoir sur l’état, certes, et sur le ministre….
- Jusqu’au ministère de Lionel Jospin cela fonctionnait ainsi. Ces fonds secrets nous étaient acheminés dans une belle enveloppe et j’étais le seul à en disposer pour l’intérieur. On pouvait ainsi rétribuer certains services mais cela pouvait aussi descendre jusqu’aux femmes de ménages, en passant par les indicateurs (de la police) et autres. Cela va de soi que ces « revenus » n’étaient pas imposables, alors ni chèque, ni déclaration fiscale sur ce point.
- Un jour j’avais même volé au secours de Chaban Delmas à Bordeaux, on avait appris qu’il avait été question de lui sucrer certaines finances…
- Ce qui n’est pas un secret c’est qu’à mon époque rue des chaussées j’avais 14 personnes à mon service, même un sommelier, mais cela a été supprimé, pour ce poste, à l’abandon du service national obligatoire.
- Ma voiture, mon chauffeur. Le coût en était de 80 000 euros par an. A quoi cela servait, cous voyez bien que je ne suis pas mort… ! En voiture j’étais toujours étonné que les feux soient au vert… ! La petite combine en était que l’on programmait le vert pour moi.
Les bons souvenirs, les réalisations saintaises…..
- Le nouvel hôpital de Saintes, le nouveau pont Aristide Briand, l’achat du Musée Dupuy-Mestreau à la famille Dupuy, etc… !
Monsieur Philippe Marchand va nous laisser à nos questions, promettant de nous parler des raisons de son éviction, non sans nous faire savoir que ses cauchemars ne sont pas à l’intérieur, ni à l’assemblée nationale, encore moins salle du conseil municipal à Saintes (il fut conseiller municipal) mais aux assises, au correctionnel, ses plaidoiries, surtout ses dossiers oubliés au bureau, puis en face les visages d’autres avocats, voire André Maudet, Saintais de renom, qui lui a souvent été proche.
Fin de séance pour Culture-Histoire… fermons le ban, mais…..
On ne sait pas trop pourquoi son temps à l’intérieur fut court…. Y aurait-il un rapport avec le comportement de « sa » police au cours de la manifestation des infirmières en 1991… ! Est-ce pour avoir accepté en France le Palestinien (jugé comme terroriste….) Georges Habache, pour le faire soigner en hôpital à Paris…. !
Qui le saura un jour… ? Philippe Marchand aurait déclaré en fin de soirée que c’était aussi un coup monté contre lui, il était en Corse ce jour-là. (Sur ce point voir son propre commentaire après la répression avec des « canons à eau » sur les infirmières). Une première en France….
Cette soirée certainement une ouverture vers le futur livre de Philippe notre compagnon de route charentais monté un certain jour à Paris….. Nous on aimerait bien ce livre qui serait très lourd d’anecdotes et de bruits de couloirs…. Elyséens ou de Matignon , voire de la place Beauvau.
Paradoxe pour Culture-Histoire… Les clefs de Fort-Boyard lui ont été données par Philippe Marchand (Ministre), les clefs du Louvre (Vestiges du château de Philippe Auguste) par Dominique de Villepin (Premier ministre).