La noblesse du bronze
Pour " une cloche "
« Quator de bronze »
Onze heures du jour en la basilique St Eutrope, une haie d’honneur pour la montée de la cloche, dans notre civilisation c’est encore, un peu, la montée des couleurs, mais c’est aussi notre patrimoine et un superbe travail des hommes de l’art, qu’ils soient d’hier ou d’aujourd’hui.
« On pense que je m’appelle St Eutrope, car c’est sous ce vocale que je fus baptisée en 1834, d’une masse terrestre de 452 kilos, je résonne en sol dièse de l’octave 3. Je remercie les humains qui m’ont mise dans le monde et presque au zénith de la cité saintaise. Je citerais aussi l’entreprise Bodet du Maine & Loire qui m’a consolidée pour une autre durée de vie dans mon beffroi ».
Ainsi parle notre belle structure de bronze qui ne demande qu’à donner de sa voix et dans le bon ton.
Comme dans toutes ses grandes manifestations, instants forts, citadines, les notables et érudits se doivent d’être présents, ainsi des anciens du quartier, certes mais voici un état des présents.
Jean-Pierre Baron, prêtre, représentant le père Daniel Cassegrain curé et doyen de la ville. Jean-Claude Chua, technicien (en charge des bâtiments cultuels) de la ville de Saintes, Marie-Line Cheminade, premier adjoint au maire de Saintes, en charge de la culture. Monsieur Delacroix, du conseil paroissial St Vivien / St Pierre. Et bien sûr les « hommes de l’art » avec leur responsable, de l’entreprise qui a restauré, par consolidation, notre fameuse cloche à l’origine de ce rassemblement historique.
Cérémonial en attendant la bénédiction (samedi) de cette cloche qui a retrouvé sa jeunesse, après avoir été soulevé du sol, un ouvrier a fait résonner à plusieurs reprises ce « petit » symbole de bronze, symbole peut-être mais fort utile.
L’oculus attendait la montée et c’est ainsi que tirée par la corde elle a bientôt émergé dans la salle de l’horlogerie, première halte avant de monter dans le beffroi où elle devrait bientôt être accrochée avec son mouton et son battant (marteau qui la frappe), le tout flambant neuf, enfin nouvelle peinture pour le battant.
La cloche avait été emmenée en réparation ; en fait il s’agissait de recharger les parties frappées par le battant. Le système d’accroche de cette structure de bronze a lui aussi été rechargé. Vu son poids et son diamètre de 927 mm, il était indispensable de lui assurer une solide constitution pour continuer ses missions dans le ciel de Saintes, c'est-à-dire carillonner au moment des messes, des mariages et autres cérémonies, dont le fameux glas des obsèques. Mais surtout sonner les heures tout au long du jour. Si on tend bien l’oreille on pourra discerner le timbre du bourdon mêlé aux trois autres cloches.
Quant à l’entreprise Bodet, spécialisé dans le travail des cloches, elle a été fondée en 1860, avec dans ses débuts un menuisier ébéniste à qui on avait demandé d’installer une horloge mécanique dans l’église de sa commune, puis ce petit artisan a évolué et en 1950 c’est devenu la société que l’on connait aujourd’hui et qui a ramené une cloche comme neuve à St Eutrope, avec 5 semaines de réparation.
En 2015 cette entreprise emploie 630 personnes sur la France, avec pour la spécialisation campanaire (les cloches) 125 personnes. En fin 2015 la société Bodet en sera à la 5ième génération familiale dans cette spécialité.
Comme le précise un des responsables présent ce jour ;.. « Notre société est accès sur le temps »
Alors que nous nous trouvions dans cette salle de l'horlogerie, en quelques clics ce fut facile de donner un aperçu sur d'autres ouvrages de pierre ou de bois.
Sur les photos on découvre des marques, multiséculaires, d'assemblage des poutres du beffroi, ainsi que des graffiti, pas spécialement historiques, si ce n'est celui écrit à l'ocre. mais toutes ces marques c'est une autre histoire. A samedi pour le baptême de la cloche.
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Avocat
Une profession
Emmanuel Araguas
Rencontré il y a quelques années, interviewé peu de temps après son installation, à nouveau cet avocat saintais a exprimé le désir de parler, non de lui spécialement, mais de pointer le regard sur une association de moyens entre quatre habitués du barreau de Saintes.
Agé de 38 ans, Emmanuel Araguas , marié, est originaire de La Rochefoucaud (Chte). Il est passé à l’école des avocats de Poitiers avant de s’installer à Saintes en 2005, mais après avoir exercé comme collaborateur dès 2003. C’est donc au 77, cours national que nous le redécouvrons dans son cabinet.
Sa spécialisation : Tout domaine du Droit. Consultation bilingue possible français / anglais.
Emmanuel Araguas, parlez-nous de vous, de votre profession…. !
« Je fais le métier que j’aurais aimé faire ».
Cela c’est catégorique, mais voyons plus en détail… !
« Le monde judiciaire aurait pu me faire reculer. Malgré cette crainte j’ai quand même tenté, j’ai réussi, je pense que c’est une magnifique profession et le plus beau métier du monde »
Ah ! Alors soyez plus clair il y a tellement de beaux métiers… !
« On a besoin de l’avocat, car sans avocat, sans cet homme pas de justice dans le monde. Les avocats sont les vigies de la démocratie. L’avocat est celui qui porte la voix d’autrui. Je suis avocat ».
Porter la voix d’autrui, une très belle définition, mais comment vous vous définissez, avez-vous une maxime, une devise… ?
« Me rencontrer en plaidant ».
Merci Maître, votre belle détermination vaut mieux qu’une longue plaidoirie en faveur de votre spécialité.
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Thomas Bridoux
« Un homme de robe », comme on vient de l’apprendre, a installé son cabinet d’avocat dans une ville de « robins », en effet autrefois Saintes était aussi connue comme une cité de gens de robes.
Agé de 33 ans Thomas Bridoux, marié et originaire d’Angers, après avoir suivi sa formation à l’école des avocats de Poitiers, a abordé ce métier avec sa première collaboration en cabinet dans notre ville, c’était en 2006. Et ainsi il plaide pour son propre compte à Saintes depuis 2008.
Ce cabinet d’avocats sur le cours national héberge quatre avocats, grâce à cette mutualisation des moyens, une structure commune, cela permet d’apporter de meilleurs services aux futurs clients, tout en allégeant la gestion des infrastructures propres à un cabinet d’avocat, de ce fait son coût.
Sa spécialisation : « Droit social / Travail / Entreprises »
Thomas Bridoux quelques mots sur votre profession, ce qui vous y a amené… !
« J’aurais aimé, après l’obtention de mon Bac, suivre la filière scientifique. Quand j’étais passé au conseil d’information et d’orientation, on m’avait conseillé la profession. Mais dans ces temps je ne pensais pas avoir la verve nécessaire pour plaider »
Quelles furent donc vos angoisses justement pour ces plaidoiries… ?
« Dans la plaidoirie il fallait surtout bien lier le fond et la forme, l’œil et l’oreille du procureur ne s’y trompe pas ».
Et votre profession tellement décriée… en apparence… !
« Je pense que la profession d’avocat est mal comprise, mal appréhendée, beaucoup de mal sur ce qui est dit sur les avocats. Aujourd’hui nous sommes trop individualistes. Mais nous, nous sommes entièrement dévoués à notre client. Même si nous devions pas être payés (enfin plus.. Ndlr) on s’investit, on se bat. Actuellement nous nous battons pour que l’aide juridictionnelle perdure dans un mode où ne serions pas lésés financièrement. C’est loin d’être le cas dans les faits ».
Mais cette aide juridictionnelle, avez-vous une obligation d’accepter les clients potentiels qui y ont droit… ?
« Oui nous le pouvons, mais généralement tous les avocats acceptent ce principe ».
Merci Maître, il semble que ce métier de robe et d’effets de manches soit vraiment à votre dimension humaine.
Amira Melliti
Amira Melliti accueille « Culture-Histoire » en son bureau secondaire dans notre ville, en effet son bureau principal est situé à Pons. Arrivant de la région parisienne (91), où elle a passé son enfance, elle s’est très bien adaptée à la vie calme de notre Saintonge.
D’une famille d’origine tunisienne, cette Dame du barreau de Saintes, âgée de 32 ans, est arrivée de l’école des avocats de Bordeaux où elle avait d’ailleurs prêté serment dans la grande cité bordelaise. Elle a ouvert son cabinet de Pons le 1ier janvier 2011, puis quelques temps plus tard elle a aussi posé robe et codes rouges dans son autre bureau du cours national.
Sa famille n’avait pas de disposition spéciale pour son orientation vers le Droit, en effet son père était chauffeur de bus et sa mère, femme au foyer. Mais c’est une motivation profonde qui la fera endosser cette stricte tenue noire avec le fameux foulard / cravate blanc.
Sa spécialisation : Droit pénal, Droit des familles.
Justement cette motivation, Amira Melliti, quelle est-elle… ?
« Ce choix est né du constat que de nombreuses personnes n’avaient pas la capacité d’exercer tout simplement leurs droits. J’ai été déterminé en ayant vu tellement de difficultés des gens devant telle ou telle situation. C’est aussi pour cette raison que je suis pour l’aide juridictionnelle ».
Je peux vous laisser le choix entre un argumentaire libre ou bien pouvez-vous parlez de la situation de l’avocat qui reçoit un client, presque, on pourrait dire indéfendable, au regard du quidam ordinaire…. ?
« Quand je reçois mon client, je n’ai jamais aucun à priori. Je ne le considère nullement en rapport de ce qu’il a fait ou pas fait. Je me base toujours sur la version de mon client, qui devrait me dire (au fil des jours… ndlr) toute la vérité, puis je devrai alors faire une analyse avec les versions contradictoires en rapport à mon client. Dans le déroulement d’une affaire je vais extraire du dossier des éléments favorables à mon client. Je dois sortir de la version des faits tout ce qui met en valeur les points forts de mon client pour sa non-responsabilité ».
En fait il vous faut aboutir à amenuiser sa peine, s’il est reconnu coupable, voir plaider une force majeur éventuelle… !
« Si je n’ai pas d’état d’âme quand mon client rentre dans mon bureau, je ne suis pas non plus aveugle sur ce que me dit mon client. Mais pour une très bonne défense il doit aussi me dire toute la vérité. En fonction de la conclusion du jugement, je ne dis pas que mon client n’a pas fait, mais je tiens à ce que sa peine soit juste. C’est dans ce sens que je m’efforce d’orienter la justice ».
Merci Amira Melliti, avant de se quitter, une vérité sur vous, avez-vous une maxime, devise ou comportement de vie… ?
« Dans la vie en général comprendre et écouter les gens ».
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Rebbeca Remond
La Saintonge est une belle région, aussi après avoir quitté la région parisienne Rebbeca Remond a installé son second cabinet d’avocat sur l’ile de Ré, mais c’est dans son cabinet principal de Saintes qu’elle a accepté de se livrer un peu sur sa profession.
Agé de 47 ans, elle exerce cette profession depuis janvier 1994, année où elle avait eu sa prestation de serment. Après un certain nombre d’années passées en région parisienne, en tant que collaboratrice dans un cabinet d’avocats, elle a ouvert son propre cabinet sur Saintes en 2013, puis un second cabinet en 2015, sur l’ile de Ré.
Comme elle le dit elle-même.... "J’ai tenu à ouvrir ce second cabinet pour amener la justice vraiment à la portée du citoyen, tout en sachant que nous sommes regroupés sur ce cabinet avec Emmanuel Araguas ".
Sa spécialisation : Droit pénal, droit de la famille et les contentieux de recouvrement. Choix adapté aux situations propres à cette ville.
Sans être trop intrusif, quel fut le parcours qui vous a amené à cette profession… ?
« J’avais étudié l’histoire de l’art, j’aurai aimé me retrouver dans l’art plastique. En fait une spécialité qui m’aurait convenu c’est la profession de commissaire priseur. Mais devant le manque de place à l’école du Louvre, mais aussi du fait que je ne pouvais être sur plusieurs fronts à la fois, je me suis orienté vers le Droit fiscal, j’avais aussi pensé être conseiller juridique ».
Un peu comme dans une tribune libre, vous pourriez choisir vos commentaires sur votre profession, mais à tout hasard voici un sujet…. Un ou des entretiens avec un avocat et son client débouche-il parfois sur des liens d’amitié… ?
« Nous pouvons avoir des échanges enrichissants avec nos clients. Mais la distance déontologique impose aux avocats (Ndlr ..comme dans d’autres professions) ce comportement. Par la suite quand l’affaire est terminée, après la procédure, il peut exister des liens d’amitié avec des clients. Mais c’est rare. En ce qui me concerne cela ne m’est jamais arrivé »
Pour le quidam ordinaire, on dira pour le lambda de la rue, l’avocat est un homme de loi qui coûte cher aux justiciables, quand est-il…. ?
« Certes il est exact qu’il puisse y avoir des craintes dans ce domaine car les honoraires sont libres. Mais les directives européennes nous obligent à fournir un devis à nos clients, leur dire combien cela va leur coûter, que le prix peut évoluer en fonction des actes à venir. Le coût de la consultation, du suivi de l’affaire peut être différent en fonction de l’ancienneté de l’avocat, de sa notoriété, de sa spécialité. L’importance du cabinet, de sa grandeur, offrant des services différents, tout cela peut avoir une incidence sur les honoraires »
Il me semble deviner que parfois certains confrères sont en difficultés financières… !
« Souvent en effet on entend dire que c’est une profession de nantis (Ndlr.. comme pour d’autres professions libérales), c’est faux. Certains avocats (des jeunes débutants…) une fois les frais et charges sortis, arrivent juste à retrouver un SMIG »
Il est fréquent, sur ce « Média Internet » de demander à l’interviewé s’il a une devise, une maxime, un principe de vie, alors vous… ! Qu’en est-il… ?
« Carpe Diem / Vivre le temps présent. Surtout je vis ma profession avec passion »
Quittons le cabinet d'avocats du cours national et retrouvons-nous sur une place de Saintes.... d'où émerge une belle signature de notre passé, mais aussi de notre fierté.