Guerre 39/45 - Des hommes " Devoir de mémoire ": Besson, Cole, Laret..
LE DEVOIR DE MEMOIRE (Texte argumentation écrit en 2002)
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Les raisons majeures de cette animation / débat sont, d'une part: La présentation de la démarche historique par la recherche de témoignages et d'éléments matériels sur un fait, en l'occurrence il s'agit ici d'un fait de guerre.
Ceci doit nous faire prendre conscience, que ce qui' n'était au départ qu'un vulgaire morceau de tôle, un banal éclat de pierre, de vagues récits ou toute autre chose sans grand intérêt apparent, deviennent, du fait d'investigations précises, des témoignages empreints de vie, voire de respect, deviennent des reliques, car ils reflètent les drames vécus par des centaines de mille d'êtres humains.
Ces démarches d'investigations tant en recherche d'éléments matériels que de témoignages humains, s'appuyant sur des bases solides, dans le but de la Conservation de la mémoire des hommes, permettront la contribution de tous et de chacun de nous au DEVOIR DE MEMOIRE.
Pour les origines de la mise en action de notre mémoire et de sa transmission tout peut être supposé. Ainsi, certainement que les premiers occupants humains de notre terre, avant même d'avoir un langage très étendu, un peu comme les animaux, avaient dans leur programmation du comportement la mémoire de leu vécu, influant de ce fait sur leur mutation comportementale.
Puis un jour, au fur et à mesure de leur progression technique, peut-être même parallèlement à l'élargissement de leur langage ces hommes ont étendu leur vocabulaire.
Il est probable, qu'au cours de concentration d'individus, voire avant de s'endormir, devant un feu, certainement jamais éteint, les hommes commentaient des faits de la journée, ne serait-ce qu'en se ventant. Je ne pense pas que les premiers hommes perdaient de leur temps en " Bla bla ou baratins " dits intellectuels " comme nous le pratiquons de nos jours.
Donc, de jour en jour, de mois en mois, d'époque en époque, nos hommes préhistoriques se remémoraient très certainement leurs faits glorieux, sans oublier les catastrophes et leurs grandes terreurs, voire même qu'ils se rassemblaient pour revivre ou se rappeler ces grands faits. Avec souvent pour repère lune, soleil et saisons.
Ce qui a fait, que de veillées en veillées, d'évolution en évolution, les grands faits, les traditions des ancêtres se sont inscrits d'eux-mêmes dans la transmission orale, mais aussi conserver sous d'autres formes, à savoir, peintures rupestres, graffiti et autres moyen de communication.
Il est probable, et même évident, qu'avant toute mémoire inscrite donc conservée, il n'y avait que la mémoire vivante, celle qui était transmise oralement et mémorisée uniquement dans le cerveau des individus, auteurs de ces faits et de ceux qui en avaient connaissance, soit pour les avoir vécus ou en avoir reçu l'information d'un ancêtre.
La mémoire sauvegardée étant essentiellement celle qui a été gravée, écrite. Au sujet de la mémoire sauvegardée, nos ancêtres avaient un avantage sur nous. Ainsi qu'ils s'agissent des hommes préhistoriques, dits " hommes des cavernes ", des fabuleux architectes pharaoniques, des flamboyants constructeurs de cathédrales, de bien d'autres qui gravaient ou inscrivaient leur mémoire sur des supports solides, résistant au temps. Leurs moyens de conservation étaient et reste plus durable que les procédés de l'homme contemporain qui fait trop confiance à ses supports modernes, voir électroniques et basés sur le principe du magnétisme, avec tous les dérivés, ordinateur, CD, logiciels, etc…
En effet si une catastrophe, voire un séisme magnétique, même de minime importance survenait, qu'adviendrait-il de notre mémoire conservé selon ces procédés. Dans ce domaine on peut dire que la mémoire sauvegardée sous forme d'écrit peut rester plus fiable dans le temps.
Pour en revenir à la MEMOIRE VIVANTE, moyen de transmission orale de nos ancêtres, c'est cette méthode de transmission qui nous intéresse, en partie, aujourd'hui, mais pourquoi. !
Pourquoi…! Et bien, de nos ancêtres de l'âge de pierre aux veillées de nos arrières grands-parents, il y a un point fort qui est commun, en effet la mémoire vivante reste la même, reste basée sur le même principe, mais, et on ne peut que le regretter, il est pratiquement impossible, que de veillées en veillées, des récits puissent nous parvenir d'aussi loin.
Je parle de ces faits non sauvegardés, non conservés, faits qui se transmettent par le moyen bien connu du bouche à oreille.
Pour un grand nombre d'entre nous, ici présents, nous n'avons pas connu ces soirées où ces instants, au cours de rencontres, durant desquelles des anciens racontaient des histoires, celles des autres et souvent la leur. Celle des autres c'est l'histoire qu'ils tenaient de leurs parents, grands-parents, ces derniers les tenaient eux-mêmes de leurs parents, voire leurs grands-parents, et on pourrait remonter encore plus loin, mais les exemples en la matière sont rares, malheureusement la mémoire vivante se disperse, s'atténue et s'évapore au fil des générations.
Concernant la mémoire vivante, il m'est possible de vous citer un exemple qui m'est personnel, mais en vous renseignant auprès des anciens de vos familles peut-être que vous pourriez constater, à votre tour, et être étonné à quel point la mémoire vivante nous concerne tous, faut-il avoir tendu les oreilles au bon moment…..
Dans la famille de mon épouse, je tiens de mon beau-père ce qui suit….
" Un soldat de l'empereur Napoléon 1er, qui avait fait la retraite de Russie, était revenu à Saintes, avec ses moyens de bord, comme l'on dirait aujourd'hui, et il avait survécu en mangeant le jarret de son cheval….
Bien sûr cela paraît léger comme information…. Mais à d'autres veillées mon beau-père (Ainsi que sa sœur) en ont rajouté, à savoir que ce soldat, je pense qu'il s'agit bien du même, pour échapper à la poursuite des gendarmes qui le recherchaient comme déserteur, il ne tenait pas à remettre ce genre d'expédition désastreuse, ainsi pour échapper au regard des gendarmes il s'était déguisé en femme….
Le nom de cet homme échappe à mon beau-père, mais dans le courrier de famille il y a deux lettres de l'époque napoléonienne, signées par un nommé BEY, qui déclare à sa famille saintaise que le lendemain de ce courrier l'empereur doit passer son régiment en revue….
Ainsi ces faits se corroborent mutuellement, c'est de la mémoire vivante à l'état pure, mais comme je l'ai conservée en l'écrivant, celle-ci devient mémoire sauvegardée.
Ainsi par le simple fait de cette mémoire vivante, je pense sans me tromper que j'ai ainsi eu connaissance d'une partie de vie d'un homme étant né à l'époque de la révolution française, ceci sans rupture du bouche à oreille.
Cette mémoire vivante, nous en sommes tous détenteurs, mais aussi souvent coupables de l'avoir fait disparaître, parlant principalement pour moi, mais d'autres personnes pourront se reconnaître…..
Qui n'a pas dit un jour…! Comme moi-même je l'ai dit " Le papy, le pépé ou tel ou tel autre ancien, ancienne…. Il nous rabâche toujours la même chose, quand il commence on ne peut plus l'arrêter, il ne va pas nous remettre cela….. Qu'il s'agisse de la guerre ou de tout autre fait vécu par ce narrateur ou dont on lui a, à lui aussi, fait le récit…
C'est ainsi que l'on fait taire la mémoire vivante, mais aussi on enferme dans son silence cette personne qui n'osera plus jamais raconter ces récits, même qu'agissant ainsi c'est aussi lui signifier qu'il n'est plus bon à rien, voire même qu'en le faisant se taire c'est nier son existence, voire celle de ceux dont il voulait parler.
C'est dommage, pour l'homme, mais aussi pour la transmission de cette mémoire vivante, car c'était peut-être le dernier détenteur de cette connaissance des faits qu'il aimait relater aux proches, c'était peut-être le dernier maillon d'une partie de notre passé.
Ainsi va le cheminement de notre mémoire, fut-elle collective ou au niveau familial, mais avec tout le respect que nous devons apporter au narrateur des faits rapportés qu'en est-il de nos jours.. !
Il y a cette mémoire sauvegardée et conservée, car mémorisée par un moyen physique, mais pour la mémoire vivante véhiculée depuis la nuit des temps jusqu'à notre génération, on peut dire en fait, sans beaucoup se tromper, que nous ne pouvons probablement remonter que jusqu'au récit que nos grands-parents, voire arrière grands-parents tiennent de leurs grands-parents, voire de leurs arrières grands-parents, vous pourrez vous-même faire le calcul, je crois que nous pouvons nous retrouver vers la fin de la révolution française.
La mémoire inconsciente remonte à la nuit des temps, la mémoire consciente ou vivante ne survit que grâce à la méthode du bouche à oreille.
Je pense que les " grandes frayeurs " vécues par l'humanité, en outre d'être gravées dans notre inconscient, sont certainement inscrites dans notre génétique.
Parmi les grandes frayeurs qu'ont connues et subies les hommes, outre les catastrophes naturelles, il y a eu et il y a encore les calamités humaines, soit: Génocide, barbarie et acte de terrorisme, ceci à petite ou à grande échelle. Aussi les hommes doivent se rappeler ces faits, se rappeler les victimes, se souvenir d'hommes dignes de ce nom, qui avaient fait ou qui font encore leur, l'honneur et le combat pour la défense de l'homme.
Souvent ce combat a été, et est pour certains, voire combattants de toutes sortes, voire journalistes… un ultime combat.
Ainsi qu'il s'agisse de la mémoire vivante, de la mémoire sauvegardée, le respect engendré par la narration, par la connaissance de grands faits vécus par nos ancêtres, héros ou victimes à l'échelon individuel ou collectif, fait que " Conserver la mémoire " des hommes devient un " Devoir ".
Ce " Devoir de mémoire ", terme moderne, certainement dû à une médiatisation importante des faits qui bouleversent l'humanité, s'il s'adapte tant aux grands évènements collectifs, qu'individuels, ne peut ignorer la cellule familiale. C'est tant mieux, car si la mémoire est une arme contre l'oubli, le devoir de mémoire est une arme de prévention contre toute atteinte à l'homme.
Mais nous pouvons nous demander…. Ce devoir de mémoire, à quelle époque devons nous remonter pour que cela nous apporte une satisfaction morale… !
Il est vrai que le DEVOIR DE MEMOIRE, tel que le terme est entendu comme le vécu de notre collectivité, il faut bien en convenir, ne peut remonter à la nuit dès temps, sauf pour le respect du genre humain en général.
Nous pourrions prendre comme éléments de références, pour en parler en termes forts trois grands faits qui ont marqué nos contemporains, au sens large du terme. Ainsi il y a eu la guerre franco – allemande de 1870, puis la 1ière guerre mondiale de 14/18 et la 2ième guerre mondiale de 39/45.
La dernière guerre est toujours présente dans le cœur des hommes, mais aussi dans leur corps et dans leur mémoire, la 1ière guerre mondiale est encore présente dans le cœur des gens qui ont eu des proches qui ont souffert de cette guerre, ce conflit de 14/18 est aussi présent dans le corps de peu de survivants qui ont souffert dans leur chair de ce conflit, mais aussi cette guerre des tranchées demeure dans la mémoire de beaucoup, pour en avoir entendu tant et tant d'atroces récits.
Quant à la guerre de 1870 contre l'Allemagne, elle s'estompe de notre mémoire vivante, peu de gens ont encore dans le corps et le cœur des cicatrices de ce conflit.
Je pense, sans me tromper, que pour placer dans le temps ce DEVOIR DE MEMOIRE, nous devons nous laisser guider par notre affectif.
On peut aussi déclarer, haut et fort, que, tant que demeurent en vie des gens ayant connaissance de barbarie, de génocide, de terrorisme, à quelque échelle que cela soit, tant que l'homme aura le cœur serré à ces seules évocations, le DEVOIR DE MEMOIRE devra être sollicité.
La MEMOIRE…. c'est le respect des hommes dignes de ce nom qui nous ont procédé, mais c'est aussi une arme contre toute forme de guerre, la mémoire c'est la seule arme qui reste aux hommes quand leur corps est usé par les années et affaibli par l'âge.
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" Mort pour la France et pour la liberté " 1908/1944
Alors qu'il était fermier à Corme Royal, Adrien Besson avait hébérgé chez lui, le temps d'une nuit, un aviateur américain dont l'avion venait de tomber à Nieul les Saintes, après un combat aérien. Le pilote de l'avion, un B17 était mort dans le crash. pour avoir aidé un allié A.Besson avait été arrêté et déporté au Struthof de Natzwiller le 7 avril 1944 où il y avait trouvé la mort le 29 avril 1944.

Trois enfants: Daniel, né en 1938 – Didier, né en 1940 – Marc, né en 1943
Un hommage a été rendu à Mme BESSON le samedi 19 janvier 2002, au cours d'une visite à la maison de retraite.
Ainsi Albert DUC qui a sauvé l'aviateur américain Jim BRADLEY a rencontré, en compagnie de Michel SOURIS, Andréa BESSON qui a perdu son mari pour avoir sauvé l'aviateur américain C.NORTON. Les deux hommes étant du même avion tombé à NIEUL LES SAINTES le 5 janvier 1944.
ARRESTATION DE MON MARI:
A cette époque nous étions à la ferme de Monsieur ..............., mon époux y travaillait comme ouvrier agricole.
Suite à la destruction de son avion par des chasseurs allemands, un parachutiste américain s'est posé dans le canal vers " La moulinette ", situé dans les rouches, lieu proche des " Rivollets ".
Des voisins qui avaient récupéré le parachutiste nous l'avaient amené à la ferme. Ainsi nous l'avons fait sécher et réchauffer, puis nous lui avons fourni des habits civils.
Quand l'homme est arrivé à la maison il y avait mon mari et mon patron. Dans l'après-midi le patron nous a demandé de ramener l'aviateur là où il avait été trouvé car les Allemands allaient arriver. Malheureusement ce parachutiste avait déjà signalé aux gendarmes de CORME ROYAL, le lendemain ceux-ci sont venus, quant à l'homme il avait couché dans une grange à foin. Je me souviens que madame ROLLAND, notre voisine, était venu voir l'Américain à la maison.
Par la suite cet aviateur, Clarence Cécile NORTON s'est retrouvé pour quatre mois chez madame PORTRON à NANCRAS.
En fait les gendarmes n'avaient pas voulu enregistrer la déclaration .............. par peur des allemands. Dix jours après le crash de l'avion américain mon mari a été arrêté.
Le dimanche précédant son arrestation mon mari avait été chez une sœur, on lui avait conseillé de partir, mais il n'avait pas voulu à cause des représailles sur sa famille. Le lundi matin suivant les Allemands sont venus le chercher, ils l'avaient déjà interrogé une première fois, je me souviens c'était le jour de la foire de PONT L'ABBÉ D'ARNOULT.
Mon fils aîné, âgé de six ans à l'arrestation d'Adrien, a été très marqué quand son père a été emmené par les Allemands.
Ainsi les Allemands, la Gestapo, l'ont emmené à Saintes, puis il a été transféré à LA ROCHELLE, pour être transféré dans un camp de déporté.
Ainsi Adrien est mort au camp de NATZWILLER où il avait été déporté, j'ai visité ce camp, une alsacienne m'a raconté qu'une fois, les prisonniers construisaient un chemin (Route !), qu'un homme était mort à ce moment là et que s'en s'en soucier plus l'empierrement était continué sur son corps.
Le docteur BOUCHER de PISANY avait été déporté dans ce camp, mais comme il était médecin et qu'il pouvait soigner des personnes les Allemands l'avaient épargné.
A la
libération, la sœur de mon mari qui habitait à ST ROMAIN DE BENET avait expliqué aux F.F.I le destin tragique de mon père et avait parlé de .............; à l'origine de son
arrestation.
Andréa Besson (Recueilli par Michel Souris)
A gauche (Veste bleue) Marc Besson, l'un des fils d'Adrien. Devant la stèle de " Rochevent " à quelques dizaines de mètres du point de chute du B17 du capitaine C.D Cole
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BUFERME Ginette
" Elle a pris le risque de résister, en mission sur son petit vélo elle a contribué à la grandeur de la France "
A la fin du 20ième siècle un film parlait de ces agents qui se déplaçaient en bicyclette en portant des messages secrets " La
bicyclette bleue " (Adaptation du roman de R.D)
Septembre 1941, sur les
marches de sa maison.
Un peu de sa vie en 39 / 45:
Employée à la Sous-Préfecture de SAINTES:
A l'âge de 15 ans je suis rentré comme employée de bureau à la Sous – Préfecture de Saintes, soit en septembre 1939, pour en partir le 20 février 1944.
J’avais perdu mon papa alors que j’étais jeune et c’est ma cousine qui travaillait à la Sous-préfecture de Saintes qui m’a fait rentrée dans cette administration.
Le Sous-Préfet de l'époque était M. LINARES ou…… Le secrétaire Général était M. GENCEL.
A cette époque le Commissaire de Police était Paul MAMERT (Il sera dans la résistance) dès 1940. Ce commissaire de police a un mémorial élevé en sa mémoire à BORDEAUX.
Le commissariat avait ses bureaux dans l'actuel conciergerie de la Mairie.
Les bureaux de la Sous-préfecture étaient situés au 1er étage, au rez-de-chaussée il y avait les bureaux des Ponts et chaussées, à cette époque le Directeur des P et C était Monsieur GUERRY (Famille du garagiste PEUGEOT). Son bureau était situé au-dessus de la conciergerie de la Sous-Préfecture, conciergerie tenu par M. GUICHARD qui était un policier (Qui savait bien me réprimander quand je passais avec mon vélo où il ne fallait pas). A cette époque il y a aussi eu M Truffandier (orthographe.. !) comme secrétaire.
Dans le bureau de M. GUERRY il y avait Pierre GEOFFROY, un copain, il travaillait à ce service. Pierre sera tué par les Allemands le 24 août 1944 sur le cours Lemercier à Saintes, il était peut-être comme moi au groupe O.C.M (Réseau résistants).
Je possède encore des photos de cette époque, voire du bureau et de mes collègues.
Ainsi dans la résistance j'appartenais au groupe O.C.M, comme agent de liaison.
Voici mes débuts dans la résistance: A la Sous-Préfecture il y avait un homme âgé qui avait perdu sa jambe à la guerre de 14/18, il avait un pilon à la place, il se nommait Joseph Delavaud. Je respecte énormément cet homme; quand les Allemands sont arrivés en FRANCE il parlait au Commissaire Paul MAMERT et il lui disait….
" Tu te rends compte Paul, tout ce qu'on a fait c'est pour rien, tout est à recommencer…. " Les larmes lui coulaient.
Je lui ai mis la main sur l'épaule et je lui ai dit…
" Ne pleure pas Jo je te vengerai… " Le Commissaire m'a alors regardée et je suis rentrée en résistance comme cela.
J'ai donc servi d'agent de liaison avec des autorités de Saintes, ce qui me faisait faire de nombreux kilomètres.
Des missions se débutaient souvent de la manière suivante, Le Secrétaire général me faisait appeler et il me disait " Ginette, Paul te demande… ", je mettais alors la main sur le bras de Jo et je lui disais " Jo, je m'en vais….. " Jo baissait alors la tête sans rien dire.
Durant mon départ c'est Jo qui faisait mon travail.
Je suis resté dans cette ambiance jusqu'en 1944. J'allais souvent à la Kommandantur et une fois j'ai écouté ce qu'il fallait que j'entende, mais un planton allemand qui s'était rendu compte que j'avais un peu trop ralenti dans le virage s'était amené sur moi en criant (Pour être correcte), il avait une voix à vous éteindre et il m'a braqué un fusil dans le dos; dans ces cas-là on ne pouvait jamais savoir leur réaction. A ce sujet, la nuit quand il y avait de la lumière visible de l'extérieur (Il y avait le couvre feu) les soldats tiraient des coups de fusil dans les vitres, après un premier avertissement.
Après l'arrestation de mon cousin Roger QUINTARD, certainement à l'époque du changement du Sous- Préfet, je suis partie travailler à ST JEAN D'ANGELY, ceci pour des raisons de sécurité. Mon cousin sera fusillé.
Ainsi, le 20 février 1944, je me suis trouvée un logement chez mon cousin André JOUBERT, boulanger à MIGRON. J'ai continué dans la résistance.
Arrestation de Roger GUINTARD, résistant:
Mon cousin était dans la résistance, il avait un dépôt d'armes à " Champboudeau " à Saintes.
Quinze jours avant son arrestation il venait de perdre un petit garçon prénommé René. Il a été dénoncé par une femme, elle serait toujours en vie (1996)
Un soir nous étions chez lui pour manger ensemble, leur maison se situait à l'angle de l'impasse PENY. Dix allemands et un inspecteur de Police français (P..........) sont arrivés par le dessous de la maison, en fait par la cave;
Je revois toujours le visage blême et les yeux de Roger, qui se voyait déjà emmené…. Roger GUINTARD a été fusillé par les Allemands. (Voir Hommage aux 130 fusillés de la butte de BIARD - POITIERS – Edition du 2 juin 1985 – Collection MS)
Il y a eu une dizaine d'arrestations en même temps que celle de mon cousin.
Arrestations au Café des Colonnes:
Un jour j'avais quitté mon bureau de la Sous-Préfecture pour aller porter, à pied, du courrier sur le cours National. Alors que je descendais le cours, arrivant au niveau du " Café de Paris " (CARLIER parfumeur en 1998), j'ai vu des miliciens et des Allemands qui sont venus arrêter des gens au " Café des colonnes " (Meubles Le Tallec en 1998 / angle rue du bois d'amour).
Comme je continuais ma route, une main m'a touché dans le dos et m'a dit de ne pas me retourner…..
" Ne vous retournez-pas, vous seriez vous aussi arrêtée…. Allez porter votre courrier…. "
C'était l'avocat BONNE, lui aussi de la résistance (Mort pour la FRANCE).
Monsieur BONNE m'a évitée des ennuis à deux reprises.
Bombardement Saintes – Jour / 14 août 1944 – US Air force:
Ce jour-là je me trouvais à la maison avec maman. Au début du bombardement (Ou de l'alerte !!) nous sommes descendus à la cave, utilisant l'escalier en béton armé. C'est d'ailleurs sous cet escalier que nous nous sommes abrités, comme on nous l'avait conseillé en pareil cas.
Quand nous avons voulu remonter au rez-de-chaussée , la porte bloquait, tout nous tombait dessus. Dans la maison il y avait plein de gravats et de tuiles, nous ne pouvions plus ouvrir les portes.
On a retrouvé un éclat de bombe dans la deuxième partie de la cave, notre commode a subi des dommages, sa plaque de marbre a été cassée et un éclat de bombe en a perforé le bois, l'éclat de bombe ayant été projeté par la fenêtre. La chambre avait un trou dans le plancher et il y a eu une bombe qui a explosé dans le jardin.
Après ce bombardement j'ai vu passer des charrettes transportant des morts, les membres des morts pendaient de ces charrettes.
Notre maison était devenue inhabitable, aussi nous avons été logés chez Monsieur Paul AUGÊ, directeur de l'hôpital.
Blessures par mitraillage avions / 27 août 1944:
En juillet 1944 je travaillais donc à ST JEAN D'ANGELY et je logeais chez mon cousin à MIGRON. Le 27 août 1944, j'étais sur la route avec une amie, nous nous déplacions en vélo.
Les alliés avaient donné comme consigne de ne pas se trouver sur les routes le 27 juillet, il y avait des risques de mitraillage par des avions.
Ainsi avec mon amie Suzanne BURON nous venions de MIGRON, c'était l'après-midi, mais peu de temps après notre départ une voiture de F.F.I nous a prises en charge. En fait nous allions à FONTENET où se trouvaient les rescapés des combats du 14/8 de CHATEAU GAILLARD. Notre moyen de transport était une traction avant (CITROEN) sans aucun signe indiquant la qualité de F.F.I, c'est alors que des avions canadiens sont arrivés, nous nous trouvions aux dernières maisons de CHAGNON D'AUMAGNE, la voiture s'est alors arrêtée le long d'un muret.
Nous avons rapidement abandonné la voiture et nous nous sommes précipités dans le fossé, les maquisards avaient tenté de tirer leurs fusées " Bleu-blanc-rouge " mais cela s'était enrayé et donc pas de signal. A un autre essai une fusée est partie, mais l'avion avait mitraillé. Bien que je m'étais mise à plat ventre dans le fossé, me prenant une grosse pierre, sous mon corps, au niveau de l'estomac, j'ai eu plein d'éclats des projectiles dans le corps. Mon amie a eu un éclat dans le poumon.
Durant ce temps là j'avais aperçu quelqu'un sous un arbre, puis des gens sont venus nous secourir. Le mitraillage avait eu lieu près des maisons.
Quant à la voiture elle n'a pas été détruite, les vélos étaient attachés sur le coffre de celle-ci. Mon vélo avait été endommagé, il a fallu changer les deux roues. C'est M. BALLANGER qui a ramené mon vélo chez mon cousin André JOUBERT.
Nous avons passé la nuit chez nos sauveteurs (Famille de Flora SERPAUT), puis le matin on nous a emmenées en ambulance à l'hôpital de ST JEAN D'ANGELY, escortés par deux maquisards. Des éclats m'avaient déjà été enlevés sans m'endormir, c'était comme cela chez les résistants.
J'ai encore des éclats dans
le corps, soit dans ma jambe droite, dans le bassin et près du cœur (Proximité artère fémorale). J'ai conservé quelques éclats qui m'avaient été retirés à l'époque, soit 5 ou 6 petits éclats de
quelques millimètres carrés.
Actuellement, ce 10 août 2007, ces éclats de métal que
j'ai toujours dans le corps, me procurent des souffrances dans leurs zones immédiates
" Monsieur vous viendrez à mon départ !
- Oui Madame je serais là.
- Oui Ginette... pour moi tu auras toujours 17
ans... Tu seras revêtu du bleu du ciel, du blanc de la pureté des sentiments qui avaient motivé ton engagement, du rouge pour la force qui t'animait "
*
COLE Charles Donald
" Capitaine de l'US Air - force mort aux commandes de son avion le 5 janvier 1945. Pilote du B17, il a eu un comportement héroïque en restant dans son avion jusqu'à la minute
fatale. Son appareil, en grande difficulté, se dirigeait sur Nieul les Saintes et Saintes.
Mort pour la liberté et la France, au sein des forces alliés "
" A Nieul les Saintes, comme aux USA, il est considéré comme un héros du fait de son geste héroïque. Cet homme, âgé de 24 ans, aurait pu, comme les dix autres
membres d'équipage sauter en parachute de son avion, avant que celui-ci ne s'écrase et explose au lieu-dit " Rochevent "
" Je crois que j'ai fini par connaître cet homme, sans
jamais l'avoir rencontré. J'ai tellement ramassé des morceaux de son avion et des fragments d'os, tellement interrogé de témoins (environs 75), et puis ces longs moments que j'ai vécu avec
cet homme dans mon imaginaire. Enfin la rencontre avec son fils en 2001, ont fait que cet aviateur est un peu comme un ami trop tôt disparu "
(Voir aussi Guerre 39/45 - Crahs avions)
LARET Jean
A mon ami Jean Laret, résistant et déporté à Buchenwald.
Il a connu les chemins de la mort, aujourd'hui il témoigne dans les lycées, par ce témoignage il est la mémoire sur les chemins de la
vie.
Jean Laret - Né le 22 mai 1925
En regard de la France :
Officier dans l’ordre de la légion d’honneur
Croix de guerre avec palmes
Médaille des Combattants Volontaires de la Résistance
Médaille de la déportation
En regard de la SNCF :
Médaille du travail : Argent, Vermeil, Or.
En regard de la ville de Saintes :
Intervention E.E.T.A.A (Devoir de mémoire – Michel Souris)
Intervention école primaire CM2 (Transmission de la mémoire – Michel Souris)
Intervention depuis une dizaine d’années avec Gilberte Bouquet de St Sauvant (déportée à Ravensbrück) sur le thème de la Déportation (Devoir de mémoire)
Intervention E.E.T.A.A (Exposition 60ième anniversaire libération de Saintes)
Intervention collège René Caillié avec Gilberte Bouquet (Thème de la déportation – Objet
d’un magazine pour FR3 – Michel Souris)
*
PATRY
TALLET René " Violette "
" Si peu d'hommes ont fait beaucoup pour la France et, comme le disait le général De Gaulle.... surprenant tous ces maquisards en
haillons.."
" René Tallet, un des chefs de la brigade Rac, fut de ceux-là, à la tête du bataillon Violette (Son nom de guerre) venu de la Dordogne, il a sauvé Saintes des
barbaries des hordes nazies "
Qui pourrait dire quel aurait été le comportement exact de ces troupes allemandes qui revenaient sur Saintes; à cette époque elles étaient cantonnées dans la poche de
Royan.
Saintes - 4 septembre 1944 - Route de Marennes (Crs Paul Doumer)
Ce jour-là 5 F.F.I du bataillon ont trouvé la mort (Morts en combat régulier), ainsi qu'un saintais Georges Lhoumeau (Assassiné).
Le casque d'un des
attaquants allemands. Le trou est-il celui décrit par l'homme qui a tiré sur ce soldat..! (Photo M.S 1995)
Ces combattants, des hommes avec très
peu d'armement. René Tallet " Violette " sur le cours national, après cette victoire où si peu d'hommes ont tenu tête à un grand nombre d'attaquants.
" Ces combattants en haillons avaient, comme Charles de Gaulle et tant d'autres anonymes, une certaine idée de la France , mais
aussi de l'honneur "
TENANT DE LAtOUR Philippe " Marie - Antoinette "
" Présent au combat de libération de Saintes, le 4 septembre 1944. son action a été déterminante dans la victoire
des F.F.I de la brigade Rac. Il faisait partie du bataillon Violette ". Photo cérémonie du 4 septembre 2004. Avec les enfants des écoles, lecteurs de faits de guerre (occupation allemande à Saintes)
TOURNEUR Marcel
Professeur de dessin. Rencontré par l'auteur en maison de retraite " les jardins de Saintes ".
Décédé en 2003 à l'âge de 95 ans, il était devenu aveugle et vivait ainsi depuis quelques temps dans sa petite chambre avec ses souvenirs, ses images qu'il avait encore bien en mémoire. Puis tous
ces dessins qu'il aimait montrer à ses visiteurs.
c'était un artiste peintre de talent.
Mais surtout il a permis de retrouver la famille de Robert Dartagnan un autre célèbre artiste peintre (Aussi professeur) qui malheureusement avait été fusillé par les Allemands au mont Valerien
avec 99 autres malheureux otages.
L'auteur de ce site est heureux et honoré d'avoir visité réguièrement Marcel Tourneur avec qui il s'était lié d'amitié et avec qui il avait fait de fabuleux voyages,
ceci virtuellement sans quitter cette petite chambre des " Jardins de Saintes ".
VAN WYMERSCHE Raymond
Héros de la seconde guerre mondiale.
Pilote dans les Forces aériennes Françaises libres.
A l'origine, de par sa carrière militaire, du film " La grande évasion".
" Il s'agit d'hommes et de femmes que j'ai rencontrés ou sur lesquels je posséde un dossier. Il n'est pas tenu compte du bord où se trouvaient ces personnes au cours du conflit 39/45 "
" Il est hors de question de faire le moindre rapprochement entre les personnes qui ont combattu pour la France et la liberté et ceux qui étaient engagés au service d'un système barbare et totalitaire "
*
BAÏER Josef
Ancien combattant de l'armée allemande. Militaire dans la Luftwaffe.
Prisonnier de guerre il a terminé sa vie à Saintes et il a été inhumé au cimetière St Pallais. Son intégration et sa sympathie ont fait que cet homme a obtenu mon amitié. Il séjournait dans le quartier de mes parents et de mon enfance, c'est ainsi que je l'ai rencontré. Il fut certainement un combattant comme tant d'autres, jusqu'à preuve du contraire il n'était pas obligatoirement nazi et peut-être encore moins criminel de guerre. Il avait participé à la terrible bataille de Stalingrad, le mot enfer serait plus adapté. (Dans les bombardiers allemands)
" Josef, nous devrons toujours nous rappeler que outre que tu portais un uniforme à la croix maudite, tu as participé à un des plus terribles combats, contre les Russes, de la deuxième guerre mondiale " M.S
Livret militaire. Certainement avec sa mère Anna Baïer (née Klügl)
Cimetière St Pallais à Saintes
Un peu de sa vie: Né en 1922 à Regensburg (Allemagne), en Bavière. Il est resté dans cette ville jusqu'à l'âge de 17 ans, époque où il est rentré comme apprenti peintre. Un peu après son dix neuvième anniversaire il s'est retrouvé dans l'armée allemande au sein de la Luftwaffe. Il volait sur un " Focke wulf " (Appareil avec double fuselage, comprenant 4 membres d'équipage). Il a participé au bombardement de la grande ville russe de Stalingrad (ville occupé par les Russes puis par les Allemands où ces derniers ont du capituler).
A la fin de la guerre, le 12 mai 1945, il a été fait prisonnier à Burghausen, à 60 kilomètres de chez lui. Puis il a été transféré à Epinal, en France, d'où il s'était évadé. Repris il avait été envoyé à Toulouse comme prisonnier de guerre. Là il a été affecté au travail dans la campagne. Après 4 ans 1/2 de guerre, Josef Baïer a effectué autant en tant que prisonnier. A Toulouse il a rencontré une veuve avec qui il a vécue. Cette personne, originaire de Saintes, avait deux enfants (Il a toujours gardé une relation avec eux). Ainsi après sa libération, ayant repris son métier de peintre, il est revenu vivre à Saintes avec sa compagne. A Saintes il a travaillé dans l'entreprise de M.Pourteau, puis il est tombé veuf. Josef Baïer, qui demeurait sur la fin de sa vie rue Denfert Rochereau, dans un appartement appartenant à la famille de M. L......
A son décès, en 2000, ses propriétaires avaient organisé des obsèques religieuses.
Cet homme demeurait dans le quartier de mes parents, rue St Pallais. Il était très connu dans le quartier comme un homme sympathique et courtois. Il avait pris ses petites habitudes et il m'arrivait de le rencontrer régulièrement, nous prenions ensemble le café et je lui avais prêté mon livre sur le crash de l'avion anglais d'Ecurat. Il avait alors accepté de témoigner. Son témoignage est court, certes, mais soit la mémoire lui a fait défaut, soit les faits vécus sont trop lourds....
Un jour il a dit à ses compagnons de zinc (Banque de bar)... " Monsieur Souris... je crois qu'il m'aime bien... "
" C'est vrai Josef, et puis tu saluais gentiment mes parents, tu étais bien accepté des gens du quartier. Je présume que tu n'as qu'un point commun avec ton triste ex commandant en chef... mis à part que tu servais son système, tu as, comme lui, étais apprenti peintre au même âge ".
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