6 - Gold Case à Saintes. 78 ans plus tôt... un nouvel élément a ressurgi, alors on va aux archives
Gold Case
Saintes
Une affaire de 78 ans remonte à la surface
" Découverte d'un revolver "
Une affaire n'est jamais totalement refermée, surtout s'il s'agit d'une affaire concernant notre ville " Saintes ". Sur ce fait de guerre, du combat de Saintes en date du 4 septembre 1944, justement un livre avait été édité et il s'intitulait " L'affaire de Saintes "
Le fait nouveau qui fait réouvrir cette affaire est le fait qu'un témoin a parlé d'une arme découverte, bien après la guerre, sur les lieux.
Voici les faits....
L'arme perdue du " Clouzy "
ou
Le revolver du combat du 4 septembre 1944
*
" Un nouvel élément est découvert
et le dossier de cette journée de Saintes doit alors être complété "
Un témoin, P... Huguet, recontré il y a quelques temps m'avait raconté que son père avait récupéré une arme, au départ un " Luger ", et qu'il avait montré cet arme à un voisin Marcel Mallet.
Ainsi monsieur Huguet aurait trouvé cet arme en allant récupérer du fumier dans les fossés de la ferme Douillard, site du " Clouzy ", dans la pointe formée par la future rue de l'Alma (Prolongation du chemin ferré et la route de Marennes, de nos jours cours Paul Doumer). Cette découverte le témoin la situe vers 1960.
Après enquète d'environnement et diverses investigations j'ai réussi à avoir un contact avec un des fils de Marcel Mallet (1927/2017) et ainsi on peut enfin s'approcher au plus proche des faits...
" Vers 1967 / 1968, mon père m'avait montré une arme, un revolver, qu'il avait trouvé en allant chasser des lapins dans le secteur de la ferme Douillard. A cette époque, venant de Saintes, sur la droite et à 50 mètres de la ferme il y avait " La Charentaise des bois ". C'était une entreprise de découpe des arbres et de la vente de ces découpes et de ce fait il y avait des stocks importants de bois et de nombreux lapins venaient s'y réfugier. Voilà pourquoi mon père chassait dans ce secteur aux abords immédiats de la ferme. Selon lui c'est au cours de cette traque qu'il avait trouvé cette arme. Elle était rouillé, elle n'avait plus de crosse et il l'avait tapée pour en faire sortir les munitions, puis il l'avait jetée. Pour en savoir plus c'est compliqué, ma mère (née en 1929), toujours du monde a malheureusement des problèmes de mémoire et ne pourrait plus s'en souvenir " (P.... Mallet - Né 1955)
Note:
- A cette époque les témoins demeuraient respectivement au 103 (M. Huguet) et 107 (M. Mallet) du cours Paul Doumer. Ces sections de rues étaient aussi dénommées " chemin ferré ".
- Les Allemands avaient pris position dans ce dépôt de bois.
- Recontacté par la suite, le fils de monsieur Huguet, revient un peu sur ses premières déclarations et pense aussi que cela pouvait être une arme avec un barillet (donc revolver), il se souvient d'une arme dans une boite.
Mes conclusions
En fait il s'agirait certainement d'une arme de poing, un revolver, ayant appartenu à des combattants, allemands ou des F.F.I.
Trouvée dans un secteur où les combattants étaient répartis d'un bord et de l'autre, avec des déplacements fréquents.
Chez les aAemands les armes à barillets, revolver, devaient être rares, à savoir que des Français, miliciens, étaient réputés les avoir accompagnés sur Saintes ce 4 septembre 1944.
Monsieur Mallet a certainement déclaré à son fils qu'il avait jeté l'arme pour éviter que ce jeune garçon tente de le chercher et de jouer avec.
Comme je détiens la liste des armes du 3ième bataillon " Violette " qui a combattu sur ce terrain je vais la consulter, mais je pense que seuls les gros armements y figurent.
Par ailleurs, bien que tenté de la rencontrer, la Veuve de Marcel Mallet, mère du témoin, pourrait être contactée, mais je sais par expérience que cela pourrait générer des problèmes secondaires. en effet souvent quand j'ai remonté le passé de ces personnes cela avait réveillé en elles les plus mauvais souvenirs, et alors il y avait des retombées. Sachant toutefois que dans certains cas de perte de mémoire ou de disfonctionnement mental en la matière, les témoins potentiels retrouvaient brusquement ces parties de leur vécu.
Découvrons le décor et le site
Bien sûr cette arme avait certainement appartenu à un F.F.I, les Allemands, en générale, sauf des milicians ou des collaborateurs (régionaux) les accompagnant, auraient pu en posséder. Ci-après le tableau des armes que portaient les soldats allemands.
Image extraite de Internet - Google (6/2/2022). Puis il faut savoir que d'autres éléments avaient été découverts sur le site des combats, des boutons certainement perdus par des combattants F.FI qui devaient souvent ramper pour se dissimuler et progresser vers leurs objectifs, ce qui fut souvent le cas, au vu des résultats et selon les témoins, tels les deux F.F.I qui avait remonter une grande partie du cours Paul Doumer en se faufilant derrière les haies, avant de détruire un nid de mitrailleuse allemande à la grenade. Dans ces cas ils perdaient certainement des boutons... voir la photo.. !!!
Ces boutons ont été découverts sur le côté impair, aux abords du n° 61 du cours, en se dirigeant au terrain face au Clouzy et à la Charentaise des bois. Enfin, et pour conclure, mais un dossier ne sera jamais définitivement fermé, voici la liste des armes que détenaient les F.F.I à leur arrivée à Saintes, quelques heures après le début du combat. Je vous en conseille une lecture approfondie pour vous permettre de vous faire une idée précise des enjeux de cette époque, avec le peu de moyens que ces hommes souvent habillés de manière hétéroclite, avaient à leur disposition. Et pour le sourire.. ils appelaient leur bazooka d'un mot médiéval... " arbalète ".