17 - Antoine de Saint-Exupéry et Témoignages Avion de légende " Lockheed P 38 "
On vous présente
" Disparition de deux avions US,
des " Lockheed P 38 " dans le ciel de Saintonge "
ou
" Le Lockheed P 38 du Petit Prince "
Avec Antoine de Saint-Exupéry
1944
L'année des combats dans le ciel de France
pour la libération de notre territoire
Les alliés pénètrent au cœur de notre territoire, via notre ciel, parmi ces avions de combats, il est en est un de légende, surnommé " Le diable à deux-queues " par les Allemands. C'est le " Lockheed P 38 Lightning ".
Voici deux témoignages de leurs actions et comportements vus par les Français...
Quand les fameux " Deux-queues " P38 - Lockheed attaquaient en Saintonge
Attaque d'un train de troupe alllemande à Saintes
Saintes: Témoin: F - Né en 1931
Vers juin ou juillet 1944, vers les 10 heures du matin un train était venu se camoufler à « Montcharente » sur la ligne SNCF de La Rochelle. Par ailleurs les Allemands cachaient souvent leurs trains sous le tunnel de Lormont.
Des avions, arrivaient très bas de vers Bussac, je les ai bien vus. C'était des « deux-queues » P38 - US, ils étaient les uns derrière les autres. Ils ont ouvert le feu au-dessus l'ancien chemin de « Port Berteau ». Par la suite nous avons retrouvé des douilles à plus de 200 mètres et dans l'axe des tirs. Le dernier des chasseurs était très bas, les avions ont fait un seul passage.
a) J'avais récupéré 39 douilles de calibre 12,7 ainsi que leurs attaches, dans la prairie face à l'étang de Pelletan. D'autres personnes en avaient aussi récupérées.
Témoin: Mme F - Née 1932
A cette époque j'habitais chez mes parents à « L'Houmerée ». Je me trouvais dans le jardin de mes parents occupée à cueillir des petits poids, près de la palisse.
Des avions ont passé au-dessus de la maison et après avoir tiré sur un train, dans la côte de « Montcharente » ils remontaient comme des flèches, juste avant d'arriver sur la falaise. La locomotive, qui avait été transpercée, a sifflé pendants longtemps.
Destruction d'un train de troupe allemande à Asnières la Giraud - 17
Asnières-la -Giraud: Témoin: B
A cette époque je demeurais à Asnières la Giraud, dans une grande maison en ardoise face à la mairie. Mon père était forgeron.
Ce jour-là il était vers 10 h 30 et je me trouvais sur un tas de bois, j'avais donc une belle visibilité vers les voies ferrées. C'était à environ à 800 mètres du lieu du mitraillage.
Cinq ou six avions, des " Deux-queues " sont arrivés du nord, deux se sont détachés, puis on attaqué le train en se faisant face, remontant aussitôt, échappant par la droite, ils ont failli se heurter.
Puis les avions se sont regroupés et comme s'ils arrivaient de St Jean d'Angély ils ont attaqué de nouveau. Le train était stoppé à environ 50 mètres avant le pont, le chef de gare, M. Leroy (Gaston...!), avait fait stopper le train avant d'arriver à la gare pour lui éviter toute destruction. Dès le début du mitraillage la locomotive avait perdu de la vapeur et les roulants s'étaient sauvés.
Après le premier mitraillage, une mitrailleuse installée sur une plateforme, vers le début du train avait tiré sur les avions. Mais les avions, des « P38 – US » avaient visé la mitrailleuse et au bout de 2 minutes il y a eu une énorme explosion, avec flammes et fumée, le souffle était arrivé jusqu'à moi. De nombreux morceaux tombaient autour du train.
Les Allemands avaient fait descendre les chevaux des wagons de queue.
Un des avions avait largué un réservoir d'essence, juste avant l'attaque, et il était tombé vers le pont. Je m'en étais bien rendu compte car juste après l'attaque je m'étais rendu sur place avec un copain, soit 10 minutes après, il faisait environ 3 mètres de long. A l'endroit où le wagon avait explosé, une partie du remblai avait été ouvert. Il y avait des Allemands partout, beaucoup s'étaient regroupés dans le bourg.
Vers le mur de ma maison, à l'attaque du train j'ai vu un Allemand briser son fusil sur le mur.
Le lendemain mon père a été prendre son pain à la COOP, il n'y allait jamais. En sortant de cette boulangerie il rencontre des Allemands sur le trottoir, c'est alors qu'une traction (Véhicule Citroën) est arrivé de la direction de St Hilaire de Villefranche, moi j'étais à environ à 200 mètres, avant la boulangerie, quand les occupants du véhicule ont ouvert le feu sur les Allemands. Deux Allemands marchaient devant mon père, mais le tir des « partisans » n'a atteint personne. J'avais bien entendu les tirs. Il y a encore des impacts sur le mur de la boulangerie. Par le suite les Allemands ont cantonné dans le secteur.
Témoin: B.R
C'était après 11 heures du matin, je battais les pommes de terre, travaillant avec mon cheval que je tenais d'une main. Je me trouvais à environ 300 mètres de la voie ferrée, en 1944 c'était « La Coudraie » et depuis cela a été partagé, actuellement c'est « Les casses ». Au sud-ouest de la gare d'Asnières.
Le train avait d'abord était immobilisé sous le tunnel de Saintes, où il avait été bombardé. Puis il était reparti sur la ligne de St Jean d'Angély, mais avait été stoppé avant la gare d'Asnières la Giraud. Le chef de gare, M. Leroy (un homme très gentil) avait couru au devant du train pour le faire stopper, en effet il y avait des réserves d'essence en gare.
Ce train était tiré par deux locomotives et il faisait au moins 400 mètres de long, j'avais un champ de 450 mètres.
Après l'arrêt du train, pendant un long moment aucun bruit. Puis un premier avion est venu mitrailler l'arrière de la locomotive derrière le train, c'était un avion « Deux-queues » (P38 certainement). Sur l'arrière du train il y avait un système de défense et suite à ce premier mitraillage tout a volé en l'air.
Un grand silence a suivi, personne ne bougeait, c'est alors, 10 minutes après, que sont arrivés d'autres « P38 », ils étaient 5... un par le nord, un autre de la direction de St Hilaire, un par où je me trouvais, au quatrième endroit rien, peut-être gêné par les peupliers. J'ai compté 15 passages d'avions. Des choses sautaient en l'air sur les wagons détruits et retombaient.
Par le devant des hélices des avions, il sortait comme des flammes d'environ 50 cm, comme si les mitrailleuses étaient là.
Les Allemands ont détaché deux wagons à l'arrière du train, dont une citerne, les éloignant, puis les avions y ont lâché deux bombes, des petites.
Des soldats se sauvaient et des officiers les sifflaient pour qu'ils reviennent Certains sont passés près de moi en me montrant leurs blessures.
Les cheminots, les roulants, avaient ensuite été se réfugier au café de M. Quintard. (En 1996 – café tenu par son petit-fils Mathieu).
En fait le train avait été mitraillé tout au long et en ce qui concerne la gare elle avait eu des vitres cassées. Par la suite les Allemands sont restés une semaine, il y avait des Polonais, des Russes... Les soldats avaient installé une mitrailleuse dans notre cour à Asnières la Giraud. Ils avaient aussi fait beaucoup de tranchées et on avait eu peur qu'ils restent longtemps.
Je ne pensais pas que les avions, mitraillant, laisser tomber leurs douilles, celles-ci ne tombaient pas loin de moi. Pendant toute l'attaque j'avais bien tenu mon cheval. J'ai quitté les lieux sur la fin, vers midi passé.
Un soldat allemand, en fait un Autrichien de 22 ans, avait été enterré sous un noyer.
Je sais où sont les trous de bombes, où elles étaient.
Avant ce mitraillage ces avions avaient été mitrailler le château d'eau de Saint Savinien et aussi le camp d'aviation de Fontenet.
J'avais ramassé une bande mitrailleuse, mais un ferrailleur m'avait dit qu'il ne fallait pas la garder. Je lui ai laissé, mais il me reste encore 7 ou 8 douilles.
- J'ai fabriqué une maquette de « P38 » avion US qui a attaqué le train.
Ces dessins ont été réalisés selon les témoignages, les photos sont prises à Asnières la Giraud, après la destruction du train.
Bien sûr nous venons d'assister à deux attaques réalisées avec succès, mais malheureusement de nombreux aviateurs, milliers, ont laissé leurs vie en combattant pour notre libération. En 1944 les interventions aériennes étaient du quotidien dans le ciel de France.
Ainsi le 19 juin 1944, une formation de bombardiers traversait notre région et était escortée par un groupe de " Lockheed P 38 ", malheureusement alors que la formation aérienne traversait le ciel de Saintonge, 2 " Deux-queues " se sont heurtés, alors qu'ils volaient à plusieurs kilomètres de hauteurs. Les avions se sont écrasés (je ne connais pas l'endroit) dans un rayon de 30 kilomètres autour de St Hilaire de Villefranche (proche de St Jean d'Angély - 17). Les pilotes ont été retrouvés morts et inhumés respectivement dans les cimetières de Colleville (50) et de Draguignan (Var). Ces hommes se nommaient Horne et MacClure.
Nous venons d'assister à des combats et au destin cruel des hommes en temps de guerre, mais parfois même le plus calme des combattants peut être frappé..... Ainsi sera le destin du père du " Petit prince ", chargé d'une mission il ne savait pas que ce 31 juillet 1944 ce serait sa dernière, mais comme d'autres héros de notre aviation ce sera aussi son entrée dans " Le ciel de gloire ".
Fragments de la vie d'Antoine de Saint-Exupéry.
A une période de la guerre Saint-Exupéry s'était posé avec sa formation aérienne sur la base de Cognac - Châteaubernard.
A plusieurs reprises, il se rend à Alger où l’on prépare le redéploiement de son Wing vers le Sud de la France. Jean Prévost, grand prix de littérature de l’Académie française en 1943, celui qui avait le premier édité les ouvrages de Saint-Ex meurt à cette occasion en plein Vercors, sous son nom de guerre de "capitaine Goderville". Mais Saint-Ex ne le saura jamais. Il est parti la veille de Borgo, en Corse, son nouvel aérodrome, pour une mission où il croise Eugène Meredith, un Américain lui aussi à bord d’un P-38. Ce dernier a juste le temps de lui crier dans son micro "On me tire dessus, je suis touché". Il vient d’être abattu, et Saint-Ex, qui a pu l’entendre sur sa fréquence radio, ne sait pas que c’est ce qui l’attend également. Car lui aussi disparaît à la suite de son collègue américain.
Ce jour, 15 mars 2008, un ancien pilote de Focke-Wulf, Horst Rippert, vient d’avouer que c’était bien lui qui avait fondu sur le P-38 qui n’avait rien pu voir venir, l’Allemand ayant attaqué par le dessus, où l’avion possédait un énorme angle mort, avec son cockpit mal fichu dont tous les pilotes se plaignaient. Il découvrait ce jour-là en effet selon ses dires, le P-38, volant 3 000 m plus bas que lui, en réalité déjà sur l’amorce de sa descente vers la Corse, avant de se décider à l’abattre. Pour le regretter toute sa vie. Selon la presse Horst Rippert raconte ainsi sa terrible journée : "personne n’a sauté. Le pilote, je ne l’ai pas vu. J’ai appris quelques jours après que c’était Saint-Exupéry. J’ai espéré, et j’espère toujours, que ce n’était pas lui. Dans notre jeunesse, nous l’avions tous lu, on adorait ses bouquins. Il savait admirablement décrire le ciel, les pensées et les sentiments des pilotes. Son œuvre a suscité la vocation de nombre d’entre nous. J’aimais le personnage. Si j’avais su, je n’aurais pas tiré. Pas sur lui !" Imaginez le désarroi d’un soldat de 24 ans seulement gratifié de 19 (ou 20 ?) victoires (dont 7 P-38 !) qui vient de se rendre compte, une fois rentré à sa base, qu’il vient de tuer un de ses héros de jeunesse !
- Lui qui n'aurait voulu être que jardinier.
(Internet - Agoravox)
(Les tableaux qui présentent les détails techniques des crashs sont de Daniel Carville - Francecrashes)
C'est avec plaisir que j'ai partagé ces témoignages avec tous les amis du " Petit prince " et de son créateur A. De Saint-Exupéry. On se souvient de quelques livres écrits par cet homme à la grande sensibilité et comme a dit pilote allemand de la Luftwaffe, qui avait abattu le " P 38 ", avec son " Focke-Wulf " au-dessus de la Méditerranée " J'aimais le personnage, si j'avais su que c'était lui je n'aurai pas tiré ". Certes il y a un doute que le fait que ce soit l'aviateur Horst Rippert qui ai abattu cet aviateur, qui, en fait n'était pas en mission de combat. Mais en tant qu'historien j'ai souvent entendu ces propos... " Si ne n'est pas lui c'est moi ". Repose en paix cher Antoine, ton esprit demeure et fait encore plus vibrer que tu n'aurais pu l'écrire.