1 - Soldats allemands à Saintes.. Des humains sous l'uniforme des " Verts de gris" 39-45
Nous avons tous souffert de cette deuxième guerre mondiale, mais en face il y avait les soldats allemands, des hommes qui souvent n'avaient pas choisi ce combat, surtout à la manière nazie.
Je vous présente ici des hommes qui ont traversé notre histoire dans Saintes, la Saintonge. Rien de si simple que cela, il ne faut pas être trop réducteur.
Après les combat et le temps d'occupation il y eu le temps de la captivité sur notre sol, je crois me souvenir que c'est vers 1954 que les camps de prisonniers allemands se sont ouverts. Pour un grand nombre de ces hommes.. il n'y avait plus de " chez eux " alors certains avaient choisi de rester sur notre territoire, voir s'y marier et y fonder une famille. Certes il y a eu des prisons... Fontevraud (Abbaye), Bussac (le camp), Cozes (Les vieilles vignes) et autres lieux. Il est vrai que ces prisons n'étaient pas des centres de loisirs. Les plus heureux étaient ceux qui étaient travailleurs dits " libres ", souvent ils travaillaient dans les exploitations agricoles, en liberté, puis le soir ils étaient enfermés. Voici le témoignages de deux de ces hommes....
BAÏER Josef (né le 16 juin 1922 à REGENSBURG (Allemagne) -2000 / Saintes)
Vétéran LUFTWAFFE 39/45
Famille: KOPF Pétra - Ville KALLMÜNZ DEUTSCHLAND
"… Mon père se nommait Josef BAÏER.
J'ai habité, dans ma jeunesse entre NUREMBERG et MUNICH, en BAVIERE, dans la ville de REGENSBURG. Mon père était cheminot.
Je suis resté dans cette ville jusqu'à l'âge de 17 ans, puis j'ai été apprenti peintre. Vers 19 ans ½, je suis parti dans l'armée allemande où j'ai été affecté à l'aviation.
Je volais sur un avion " FOCKE WULF " (L'appareil avait un double fuselage) composé de quatre membres d'équipage.
J'ai participé au bombardement de STALINGRAD.
Dans l'aviation j'étais Caporal chef, j'ai effectué environ 2000 heures de vol.
A la fin de la guerre, le 12 mai 1945, j'ai été prisonnier à BURGHAUSEN, à 60 kilomètres de chez moi.
J'ai été transféré à EPINAL en France, d'où je me suis évadé mais ayant été repris je me suis retrouvé à TOULOUSE comme prisonnier. J'ai été envoyé au travail à la campagne.
En fait j'ai fait quatre ans et demi de guerre et j'ai été prisonnier quatre ans et demi. A TOULOUSE j'ai rencontré une femme qui était veuve, avec deux enfants; je vois toujours ces enfants.
Quand j'ai été libéré, je travaillais comme peintre. La femme, de TOULOUSE, avec qui j'avais refait ma vie, était de SAINTES, c'est la raison pour laquelle nous sommes retournés vivre dans cette ville.
Dans cette ville j'ai travaillé à l'entreprise PORTEAU. Puis je suis tombé veuf. "
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Josef est décédé le11 décembre 2000.
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Dans les dernières années de sa vie il logeait dans un meublé au n° 21, de la rue Denfert-Rochereau.
Ses propriétaires, Mr & Mme Michel L................... , ont prévu des obsèques religieuses , il dépendait de la paroisse St PALLAIS.
Il a été enterré aux " Indigents " au cimetière St Pallais. Partie nouvelle du cimetière, troisième allée à gauche, dixième tombe sur la droite. Carré G, tombe 76. Au bout de cinq ans le corps est sorti et mis à l'ossuaire commun.
Sur la tombe un croix de bois et une plaque dorée avec l'inscription " Josef BAÏER 1922 – 2000 "
Je me suis recueilli sur sa tombe le 17 mars 2001 à 15 h 00.
- En septembre 1997, j'avais prêté mon livre " ECURAT - Crash d'un avion anglais abattu par la DCA de Saintes " à Josef et je lui avais communiqué son témoignage, au café où il a l'habitude de se détendre et de parler à des amis de quartier, devant la tenancière, il a pleuré et il a dit:
"…. Je crois que Monsieur SOURIS… Il m'aime bien… "
- Souvent quand Josef passait devant la maison de mes parents, 51, rue St Pallais, à Saintes, il les saluait.
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Matter Erich – 17/5/1926 (Berlin – D) Copie générale
Décédé à Gémozac où il avait demeuré après la guerre. Prisonnier de guerre, Il s'était marié dans cette commune avec une Gémozacaise.
39/45 : « Soldat armée allemande » – La Rochelle
226 ième d'infanterie ou 347 ième Grenadier
Parcours en fin de la guerre / Prisonnier allemand resté en Saintonge / Gémozac
En août 1944 il était en stationnement avec d'autres soldats à La Rochelle. C'était à l'époque du départ des Allemands de Saintes.
Ce jour-là, il avait fait très chaud et ils avaient été chargés d'escorter à Saintes un convoi de citernes (Transport d'essence pour la marine), il y avait 110 000 litres à transporter. Ils sont partis de La Rochelle à 13 heures, le convoi devait se rendre à Saintes, avec son escorte, sur le quai des roches. A leur arrivée à Saintes les Allemands avaient déjà quitté la ville (donc entre le 28 août et le 4 septembre 1944).
Sur le chemin du retour, M. Matter et ses compagnons de route, se sont heurtés au barrage des F.F.I sur le pont de Tonnay Charente, un feu avait été allumé sur le pont. La troupe allemande s'était alors couchée devant le pont. Le passage de l'ouvrage n'a été possible qu'avec l'arrivée de renforts allemands.
- Le 20 août 44 : Ordre de repli est donné aux troupes de la 1ière Armée Allemande qui occupent la côte de l'Atlantique, sauf pour les garnisons de la Rochelle, Ré, Oléron et Royan pour la Charente-Maritime (11)
Souvent, au fil des rues, les vainqueurs de juin 1940 offraient des bonbons aux enfants, voulaient aussi en prendre sur leurs genoux, puis parfois ils montraient des photos de leur famille, de leurs enfants, en pleurant, mais racontaient aussi que là-bas en Allemagne... plus de maisons, plus de familles en vie. Mais les suicidés.. pas le choix... on leur avait dit... " Si vous désertez votre famille est massacrée... " Alors des fois les solutions.. se faire tuer au combat ou pire: Le suicide. Savoir qu'à Saintes il y avait des désertions, en effet dans l'armée dite " allemande " de Saintes, il y avait des Polonais des Autrichiens, des Russes blancs et d'autres.