23 - Témoignages... du quotidien à Saintes entre 40 et fin 44.
Témoignages du quotidien de Saintais
De 1940 à fin 44
Extraits......
4 Boulanger en 39/45 - Travail pour la panification allemande plutôt que le S.T.O
A l'époque j'habitais dans le quartier St Eutrope St Eutrope mais je travaillais dans une boulangerie vers la kommandantur (Rue Pasteur...!). De cet endroit je voyais beaucoup de collaborateurs.
Un jour deux feldgendarmes sont venus me convoquer à la boulangerie. Ainsi je m'étais rendu à la kommandantur où j'avais rencontré un interprète, un Alsacien M. Zink. Il m'avait engueulé en me disant... " Vous êtes un mauvais Français...". Par la suite M. Zink était rentré dans la résistance, sur la fin de la guerre.
En fait je ne voulais pas partir au S.T.O alors je m'étais embauché à la panetterie allemande, située rue de Lt Mazel, c'est toujours une boulangerie qui était là bien avant la guerre, elle servait à ravitailler l'armée française. Les allemands en avaient aussi besoin pour ravitailler leurs hommes du mur de l'Atlantique et dans le fournil il y avait jusqu'à 6 ou 7 fours.
1 Bombardement de Saintes - 24/6/1944
Cette nuit-là je me trouvais au lieu-dit " Les métrelles ", dans une maison se situant à l'entrée. Je me trouvais chez notre vendeuse, Paulette Guérin, nous avions le magasin " Michel Caoutchouc ". On était chez ses parents.
Le bruit des avions nous avait réveillés et j'avais alors ouvert une fenêtre au nord, apercevant les torches qui éclairaient le ciel. aussitôt j'étais partie rejoindre ma belle-mère et ma fille âgée de 4 ans, elles se trouvaient aux Métrelles dans les dernières maisons. Là avec d'autres personnes nous avons regardé vers la ville, apercevant les lueurs et entendant les explosions.
A la fin de l'alerte j'avais pris mon vélo, passant par " La Récluse " et le Haras j'avais rejoint notre maison de l'avenue Gambetta, pour m'assurer qu'il n'y avait pas eu de dégâts. J'avais appris le lendemain que j'avais eu de la chance car une bombe à retardement avait explosé devant le Haras.
Notre maison avait été secouée par les vibrations et il y avait de la poussière partout, je voyais même l'empreinte de mes pas en marchant. Au premier étage, la cloison entre la salle de bains et la salle à manger, était fissurée, déchirant alors la tapisserie à 1 mètre de haut et sur toute la longueur. (Photo prise.. visible en 1996)
J'avais aussi une lampe de chevet, un héron en métal blanc, portant une boule, il était tombé au sol en cassant cette boule. Je l'ai toujours. ( Photo: visible en 1996). Il a été dit que des allemands, qui s'étaient réfugiés dans les souterrains de la gare, avaient été tués et ils étaient nombreux.
En haut du cours national il y avait un dentiste, vers le théâtre, et aux alertes il partait se réfugier aux arènes. Mais pour ce bombardement quand ces personnes étaient revenues vers leur maison, ils l'avaient découverte détruite. ainsi ce dentiste, M. Forher - Bevin, a fait un malaise. Cet homme aura pour gendre le docteur Buovolo. Forher-Bevin - Chirurgien dentiste - 107, crs national - tél: 3.91 (annuaire 1939)
2 Bombardement de Saintes - 14/8/1944
Mon père étaiit chef d'îlot de la D.P. après le bombardement il avait été au cimétière St Pallais voir si la tombe de mon beau-frère, Serge Poupet (1916 - 14/3/43) était indemne. Cette tombe a une statue de " femme pleureuse ", elle a eu des impacts d'éclats de bombe (aucun impact visible en 2020). De l'autre côté, il y avait le caveau (8 places) du docteur Cazes (1872/1936) et il avait été complètement détruit. Par la suite une grande plaque de bêton avait été posée dessus avec une croix. Le cercueil du docteur Cazes avait séjourné quelques-temps dans notre caveau.
3 Combat de Saintes - Epuration - 4/9/1944
J'étais à la foire de Saintes, c'était un jour de liesse et le commandant Violette (Bataillon ayant libéré Saintes) était fêté par tous. On ramassait les femmes qui avaient couché avec les Allemands, pour les tondre. une fille avait été amenée au salon de coiffure Barré, rue Alsace Lorraine. On lui avait fait une coupe de cheveux très courte... puis on l'avait amené sur les marches du palais de justice , elles étaient deux ou trois.
4 Portraits du maréchal Pétain de De Gaulle
Quelques-jours plus tard (certainement après ce 4 septembre... M.S) des commerçants avaient en vitrine des photos du maréchal Pétain, mais les avaient vite remplacées par des photos de De Gaulle.
5 Chien loup et la Gestapo de Saintes
Chien loup et M.Henri. Nous avions une chienne « Finoute », coupée de loup et de berger allemand. M. Henri de la Gestapo qui demeurait dans le secteur (Rue Emile Zola) était venu voir maman et avait voulu que son chien couvre notre chienne. Son chien était aussi un chien coupé de loup, il lui avait donc demandé de l’amener à la prison, mais elle avait refusé. A cette époque les allemands recherchaient des chiens pour faire sauter les mines. Un jour ils avaient demandé que tous les chiens soient amenés sur la place Bassompierre. Notre chienne qui y avait été amenée avait mordu cruellement (malgré la muselière) un capitaine allemand, celui-ci avait alors sorti son pistolet mais ma mère s’était interposée. L’intervention de M. Henri a sorti ma mère et son chien de graves ennuis. Ce dernier avait alors déclaré… « Madame, je vous connais, je vous avais déjà demandé pour votre chienne.. » et de ce fait il avait demandé que la chienne devrait être amenée à la prison où elle serait couverte. Après la mise à bas les « chiots » sont partis pour la prison, puis ils ont été emmenés en Allemagne. Ma chienne est décédée avant la mort de ma grand-mère en juillet 1949.
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