29 - Villa Musso, maison du docteur, office de tourisme hier. Bonjour Madame Musso...
" Madame Musso,
je vous remercie de votre accueil
en votre résidence de la côte de beauté…… "
Nous sommes en décembre 1994, ainsi j'écoute religieusement Madame Musso me parlait de sa famille, de son bel hôtel particulier du cours national. Ce qu'il a traversé et bien sûr aussi ce que les humains qui y demeuraient ont vécu entre 1939 et 1945...
Villa Musso
62, cours nationalOffice / Saintes
« Robert Musso – Docteur biologiste »
Le site, les Allemands, le bombardement
Propriété de la famille Musso, docteur biologiste, époux de Simone Rang des Adrets
Témoignage :Mme Musso en sa villa de Saint-Georges-de-Didonne 1, avenue Mestreau. (12/1994)
Propriété de la famille Musso, docteur biologiste, époux de Simone Rang des Adrets, née en 9/1898. Monsieur Robert Musso était né en 1892 à Cahors. Madame est décédée en 1995.
Témoignage reçu de Mme Musso en sa villa de Saint-Georges-de-Didonne 1, avenue Mestreau. (12/1994)
La villa dite « Musso » et la propriété de Saint-Georges-de-Didonne proviennent de la famille Musso. Dans le parc de cette villa (château) il y avait une orangerie plantée par le grand-père de Madame Musso les orangeais ont été vendus à la maison Rouyer-Guillet et c’est devenu une roseraie.
Le couple avait une fille, qui avait des problèmes de santé (incident au crâne), Monique, qui a préféré se faire appelé Thérèse. Elle est décédée à l’âge de 70 ans.
Avant la guerre il y avait un palefrenier qui s’occupait des chevaux. Il logeait au-dessus de l’écurie. Cet homme demeurait habituellement rue des remparts et s’appelait Alexis Coutar. Il soignait principalement le cheval de mon père qui vivait à Paris.
Le docteur Musso recevait aussi des clients à Royan, à la villa « Amiot » sur la falaise à Foncillon. Il ramenait alors ses échantillons à Saintes pour les analyser dans son laboratoire. Il exerçait aussi au laboratoire municipal de Royan, il se rendait aussi à Royan sur appel ou le jeudi. C’est le maire de Royan qui lui fournissait son essence pour venir de Saintes. Ce laboratoire était aussi situé dans le jardin, la villa a été détruite par le bombardement des alliés. Par la suite la mairie de Royan avait mis un laboratoire à sa disposition dans le jardin municipal.
Notre maison a été réquisitionnée dès l’arrivée des allemands jusqu’à leur départ, nous n’avions pas de contact avec eux pour ce qui se passait en dehors la maison. Mon mari n’avait gardé que son laboratoire (analyse médicale) et son bureau, nous couchions alors dans le bureau, notre ancienne chambre, au premier étage, devenue le carré des officiers. C’était des officiers de la Kommandantur. Il y avait quatre hommes, dont le capitaine Lange (prononcer Lang), le médecin Fulner, un officier payeur. Concernant cet officier payeur qui était catholique : un jour des rameaux, il m’a vu rentrer avec des branches de buis à la main, il m’a demandé (sur demande de sa femme) si je pouvais lui en mettre à la place du vieux resté dans une gravure pieuse au-dessus du lit qu’il occupait. Le régime d’Hitler ne lui permettant pas d’aller à l’église en tenue.
Dialogue avec Fulner… Je lui ai demandé « Où comptez-vous vous installer après la guerre… ? », il m’a répondu… « Dans la ville qui sera encore debout… ».
Les palefreniers allemands. Avant le bombardement du 24 juin 1944, il y avait des chevaux dans l’écurie qui a été détruite durant ce bombardement. Les palefreniers, durant l’occupation, couchaient dans le grenier, cela amenait alors de mauvaises odeurs. Un jour j’en ai fait la remarque à un officier… « Admettriez-vous ces odeurs chez vous… ? ». Ce qui a fait que l’officier a fait coucher les hommes dans l’écurie.
Elle était située à l’arrière du château (villa), côté rue général Sarrail, elle comportait deux box, elle a été détruite au cours du bombardement de juin 44. De cette écurie n’avait subsisté que l’ancien pavage. A sa place une petite maison, située à côté du géomètre Barraud, a été construite. La voiture de mon mari n’avait pas été détruite car elle se trouvait au garage pour entretien.
Bombardement de la nuit du 24 juin 1944. J’ai vécu le bombardement dans un abri que j’avais fait faire par le fils d’un entrepreneur (Tourneur) qui avait fait la guerre 14/18 et s’y connaissait en tranchée. Hélas l’entrée était exactement dans l’axe de la trajectoire qui a écroulé la maison d’à côté (certainement la maison Naud). La terre de la terrasse du jardin a été labourée et a alors rempli l’abri, nous en avions, mon mari et moi, jusqu’aux genoux. Le bombardement terminé, mon mari, qui avait fait la guerre 14/18 connaissait ces faits. Il est sorti et il m’a tirée, j’ai ensuite craché de la terre glaise pendant plusieurs heures, mon mari m’avait conseillée de garder la bouche ouverte pendant les explosions pour ne pas que mes tympans soient brisés par le bruit infernal.
Par la suite mon mari est parti au poste qui lui avait été assigné à l’hôpital. Quant à moi je suis restée assise jusqu’au petit jour ; toutes les vitres étaient brisées, les petits rideaux voletaient à l’intérieur, je n’ai donc rien vu. Je n’ai pas connu la réaction des Allemands, après ils sont restés à la caserne place St Vivien (Brémond d’Ars) plusieurs jours après. Par la suite il n’a été question de rien, je ne les rencontrais pratiquement pas dans les couloirs. Un fragment de la plaque de cheminée, de la maison voisine effondrée (Naud architecte) a atterri dans notre parc ; par la suite nous l’avons restituée à son propriétaire. Un chat mort avait été retrouvé dans la glaise, figée dans sa position de fuite.
J’ignore si il y eu des victimes allemandes, mon mari n’y a fait aucune allusion à son retour de l’hôpital. Je serais étonnée qu’il y en ait eu car les casernes n’avaient pas été touchées. Ainsi seul le haut du cours national avait été atteint, détruisant plusieurs maisons, dont les occupants partaient tous les soirs coucher à la campagne. Seule, je crois, madame de Mornac, dont la maison était en face de la nôtre, a été retrouvée morte dans un arbre derrière chez elle. Son immeuble ayant été soufflée elle a été projetée dans ces branches.
Passage du commandant des « Panzers ». Un jour un officier est venu nous voir (il avait des bandes roses sur les coutures des pantalons). Cet homme était un haut gradé, j’ai eu très peur quand il a traversé le jardin, je pensais qu’il venait prendre la maison sans nous laisser le droit d’y rester. Je ne l’avais pas reconnu alors qu’il avait été le premier occupant, quand les hommes des « Panzers »sont arrivés, il était déjà à ce moment là, le commandant de cette compagnie. Ils ne sont pas restés longtemps. Il m’a dit qu’il était monté en grade, je lui avais alors demandé des nouvelles du médecin Fulner, il m’a répondu qu’il avait été tué. J’ai regretté d’avoir posé cette question. (1994)(Musso Simone) - Affecté au dossier de Mme Musso et au dossier « Bombardement 24/6/44)
Après la guerre (pas l’homme au pantalon rose… !) le commandant qui était rentré dans son pays avait posté une carte (avec un brun d’humour…)… « J’ai pendu le major dans mon placard… » (Il devait s’agir de Schultz… sous réserves… !!) Après leur départ nous avons trouvé une grande quantité de fils électriques.
Après le départ des Allemands les lieux ont été occupés par les F.F.I.
En 1999, suite à une expédition d'investigations sur le Fort-Boyard, j'avais organisé une exposition du résultat de mes recherches sur les graffiti du fort, bien sûr avec de nombreux autres signes lapidaires relevés sur Saintes. A cette occasion j'avais offert gracieusement un petit livre sur mes découvertes, l'édition m'en avait été offerte par la banque "Crédit agricole". Puis à cette même exposition j'avais invité M. Donguy à présenter ces superbes maquettes de vaisseaux de guerre du 18ième siècle. Ces photos vous permettent aussi de découvrir les belles boiseries intérieures de ce " château / Villa ". A cette époque c'était l'office de tourisme. Dans cette même année mon expo avait fait un séjour dans la mairie de Saintes.
Petit rappel de la couverture de mon livre.... épuisé de nos jours, dommage. Mais j'ai gardé la maquette.
Quittons le fort, Mme Musso, M. Donguy, le hall d'accueil de la mairie de Saintes, pour offrir aux Fan's de l'aviation et de notre histoire, le résultat de mes dernières investigations autour d'un crash d'avion (39/45) - - - -> 5/1/44 " B 17 ". Etudes en cours..... extraits.