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12 décembre - Le dernier cadeau de Noël 1939

Publié le par culture-histoire.over-blog.com

1939

" Dernier cadeau de Noël "

12 décembre - Le dernier cadeau de Noël 1939

 

« Témoignage 1939/1945»

 

" Je suis née dans la Somme, ma famille se composait de  mes parents et de mon frère né en 1942 avec mes deux sœurs nées l’une en 1931 et l’autre en 1936. Mais je ne suis restée dans la ville de ma naissance que quelques-mois, mon père était employé à la S.N.C.F dans le service exploitation et avait connu plusieurs affectations,  il devait être un jour chef de gare.

Ainsi nous avons déménagé à Canaples, puis vers 1936 à Amiens, pour nous retrouver à Ailly sur Noye, en 1938, où nous sommes restés toute la guerre.

A la déclaration de guerre nous nous trouvions à Ailly sur Noyes. C’était une ville d’environ 2500 habitants.

Débâcle et arrivée des Allemands  Nous avions été évacués en Normandie et en Bretagne. Sur les routes je me souviens de toutes ces personnes qui évacuaient. C’était une de nos voisines qui nous avait emmenés avec sa voiture. Elle s’appelait C..... et on la voit sur une de mes photos avec sa fille près d'elle et son fils dans les bras de mon père. Sur cette photo je suis présente avec ma sœur et mes parents. Dans nos différents déplacements, du fait de la guerre, à un moment donné j’avais même fait un trajet dans un wagon à bestiaux. Une de mes photos montre la maison de mes voisins, une belle maison vers la notre qui avait été réquisitionnée par les Allemands pour y installer leur kommandantur ; il y avait une guérite devant

 

Le « Dernier cadeau de Noël » Décembre 1939. 

 

Je me souviens de mon dernier Noël. J’ai conservé depuis ce mois de décembre 1939 le cadeau fait par mes parents. Un modèle réduit de chambre à coucher avec plusieurs autres  petits meubles. Mais c’est moi qui ai fait les draps. Je la garde dans une petite vitrine. Pendant la durée de la guerre il n’y a plus eu de cadeau, seulement quelques bonbons. Nous n'avions pas de chocolat car il n’y en avait plus.

 

12 décembre - Le dernier cadeau de Noël 1939

 

Mon père réquisitionné sur place par les Allemands, il travaillait alors à ce que l’on appelait à l’époque Pendant la guerre mon père la S.N.C.F. Comme de nombreux cheminots  il avait été réquisitionné sur le lieu de son travail. Il sabotait à sa manière en dirigeant les trains de manœuvres sur de mauvaises voies. Des hommes étaient requis pour garder les voies ferrées la nuit.

Un jour un officier autrichien sauve ma sœur de la noyade. Souvent le soir je me rendais chez les voisins. Mais un soir c'était ma sœur qui y avait été. Il y avait une rivière aux abords de notre village, la Noye, et elle y était tombée. La dame a alors appelé au secours et c’est un officier autrichien qui est accouru. On l’appelait commandant, au moment de la chute de ma sœur, Ernst Gasteiger tel était son nom, était avec des hommes de la résistance local, lui-même étant antinazi. Il avait couru et sorti F........  de l’eau ; par la suite il lui avait acheté une poupée et avait pris la pose avec elle pour une photo. Le jour de l’accident ou dans les jours suivants, ce fait qui aurait pu être dramatique a eu lieu le vendredi 13 juin 1941. Dans le civil il était pharmacien. Après la guerre nous avons continué à correspondre avec cet homme, puis au mariage de ma sœur il y avait conduit et assisté à la cérémonie. On le voit avec elle sur une photo. Pendant la guerre cet homme avait failli être ennuyé car un journal avait relaté son sauvetage et de ce fait il avait été réprimandé car il n’aurait pas du se trouver là où il était au moment de l’accident de ma sœur.

Mes voisins hébergeant des réfugiés italiens. Les enfants de mes voisins, nommés C…., avaient hébergé des Italiens qui avaient fui leur pays. Il s’agissait d’un couple avec une petite fille. Les Italiens avaient demandé à Madame C….. s’il connaissait une petite fille qui jouerait avec leur fille Agnès et lui parlerait en français. Ainsi j’avais joué avec cette petite fille. Pour nous remercier, ce couple qui s’appelait Z…. était revenu nous voir et ils m’avaient offert un cœur en cadeau et je l’ai toujours.

Baignade avec les soldats allemands. Dans un secteur de notre commune il y avait de nombreux étangs et nous allions nous y baigner. On y voyait des soldats allemands qui s’y baignaient aussi. Un jour l’un d’eux s’était noyé et les chefs n’étaient pas contents. Je me souviens qu’ils avaient fait des recherches dans les fourrés.

Les alliés avec leurs avions, mais aussi les bombardements et la riposte allemande, avec des avions tombant au sol. Il y avait souvent des bombardements dans la région d’Amiens. On pouvait voir les chapelets de bombes qui tombaient des avions. La gare d’Amiens était souvent visée. Je me souviens bien des hurlements, des sirènes et des Allemands qui étaient comme des fous. Les D.C.A tiraient aussi bien le jour comme la nuit, des avions, « Fortress », passaient dans le ciel au-dessus de notre commune.

Un jour, en plein midi, ce devait être dans les beaux jours, j’ai vu passer un avion qui était en difficulté, il laissait une trainée blanche et ses moteurs avaient comme des ratés. Onze aviateurs ont sauté de l’appareil mais un d’eux, le parachute ne s’était pas ouvert et il s’était tué en tombant sur le terrain de foot. Les Allemands cherchaient partout les parachutistes, ils étaient avec leurs camions et leurs chiens (Date crash : 24/02/44 – « B17 US » de M.S)

Des gens d’une laiterie et des fermiers de notre petite région avaient aidé des aviateurs rescapés. La femme de la laiterie avait été déportée à Buchenwald, mais elle a survécu. Je me souviens bien de cette femme qui était montée sur un tombereau à son retour, elle se tenait droite, elle avait été martyrisée aux seins. A cette occasion pour célébré son retour les cloches de l’église avaient sonné. D’autres personnes avaient été déportées mais on ne les a jamais revues.

Les premiers américains dans mon village. A la libération, nous demeurions toujours à Ailly sur Noye, j’ai vu mon premier soldat américain, il était avec ses armes de combat. Il m’avait alors donné des dragées Chewing-gum et je lui avais dit merci en anglais….. Thank you very much… et cela l’avait fait sourire ".

          ***               

Gislaine B........  – Née en 1934

(Témoignage recueilli par Michel Souris - 11/12/2017)

 

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